Le rover lunaire indien Pragyan a photographié pour la première fois son vaisseau mère, l’atterrisseur Vikram. Les deux engins, qui en sont à la moitié de leur mission (Chandrayaan-3), ont également pris quelques mesures intéressantes.
Les profils de température au niveau du pôle sud lunaire
La mission indienne Chandrayaan-3, qui est la première à se poser sans encombre près du pôle sud de la Lune, a atterri il y a déjà plus d’une semaine, le mercredi 23 août. Un jour plus tard, son rover, nommé Pragyan, est descendu de sa rampe pour entamer son exploration scientifique. Les responsables de mission avaient alors partagé plusieurs photos du véhicule et de son environnement depuis l’atterrisseur. L’image publiée ce mercredi est la première montrant l’atterrisseur à travers les yeux du rover. La photo a été prise le même jour (le 30 août).
Depuis leur arrivée, les deux engins n’ont pas chômé. L’une des charges utiles de Chandrayaan-3 (expérience ChaSTE) a notamment utilisé une sonde de température armée de dix capteurs individuels pour mesurer les profils de température du sol du pôle sud lunaire. Il s’agissait des premières mesures de ce type prises près de la zone polaire sud. Ces dernières ont révélé un gradient thermique particulièrement abrupt dans la couche superficielle. À seulement 8 cm sous la surface, le sol proposait en effet une température de -10°C, tandis que la surface affichait une température de plus de 60°C.
Pour rappel, contrairement à celle de la Terre, la surface de la Lune n’est pas protégée par une atmosphère épaisse capable d’absorber la chaleur du Soleil. C’est pourquoi il fait si chaud en surface. Malgré tout, ces températures sont plus douces que celles relevées précédemment depuis l’orbite autour de l’équateur de la Lune. Dans ces régions, le thermomètre peut en effet grimper à 127°C pendant la journée et chuter jusqu’à -173°C la nuit. C’est d’ailleurs pour cette raison que les missions en équipage sur la Lune doivent avoir lieu à l’aube lunaire, lorsque la surface lunaire se réchauffe juste assez pour que les humains puissent évoluer, mais avant qu’il fasse trop chaud.
Du soufre sur la Lune
Dans un communiqué distinct, l’ISRO a déclaré que Chandrayaan-3 avait isolé du soufre dans le sol lunaire. Cette mesure n’est pas inédite. Les chercheurs ont en effet déjà décelé des traces de soufre dans certains échantillons rapportés sur Terre dans le cadre des missions Apollo. Cependant, on ignorait encore à quel point ce minéral était commun sur la Lune. Or, il est possible qu’il provienne d’une activité tectonique passée. En apprendre davantage sur son abondance pourrait donc aider les scientifiques à mieux comprendre le passé de notre satellite.
Pour rappel, ni le rover ni l’atterrisseur ne pourront survivre aux deux semaines de nuit lunaire à venir. Les deux véhicules n’ont ainsi plus que quelques jours devant eux pour effectuer un maximum de mesures, mais les objectifs de mission semblent d’ores et déjà remplis.