Autrefois destiné à Mars, ce rover européen espère maintenant viser la Lune

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Crédits : Tereza Pultarova

Le Sample Fetch Rover (SFR) était destiné à collecter des tubes d’échantillons laissés à la surface de Mars par Perseverance. Finalement, la mission se passera de ses services. Le géant européen de l’aérospatiale Airbus, qui développe le véhicule, espère maintenant pouvoir l’exploiter dans le cadre des futures missions lunaires. À cette fin, le rover a été déployé dans une carrière près de Londres pour tester son logiciel de conduite autonome.

La NASA et l’Agence spatiale européenne (ESA) travaillent sur une mission conjointe visant à rapporter des échantillons de Mars mis de côté par Perseverance. Le plan initial était d’envoyer un rover construit par Airbus chargé de ramasser ces échantillons pour les ramener vers un atterrisseur. Ces matériaux devaient ensuite être chargés sur une petite fusée et lancés en orbite martienne. De là, un vaisseau européen devait saisir le conteneur pour le rapporter sur Terre.

Il y a plusieurs semaines, la NASA a finalement annoncé une refonte de cette mission qui ne nécessite plus le rover de récupération. Concrètement, Perseverance sera chargé lui-même de remettre ses échantillons à l’atterrisseur. Cette nouvelle architecture prévoit également l’envoi de deux nouveaux hélicoptères considérés comme une option de secours en cas de problème avec Perseverance.

La Lune en ligne de mire

Cette décision d’éliminer le rover européen a naturellement été vécue comme un coup dur pour Airbus qui travaille sur la conception de son véhicule depuis 2018. Cependant, ce n’est peut-être pas la fin de l’histoire pour autant. Les Européens entendent en effet exploiter ce rover dans le cadre des prochaines missions lunaires, notamment celles du programme Artemis.

Lors des récents tests dans la carrière près de Milton Keynes, une ville située au nord-ouest de Londres, les ingénieurs d’Airbus ont testé le système de navigation autonome du véhicule qui lui permet de planifier indépendamment son itinéraire. En pratique, le rover s’arrête pour évaluer le terrain tous les deux mètres, puis exécute la prochaine partie de son voyage.

Selon Airbus, ce système de navigation pouvait évoluer sur la Lune sans trop de difficultés. En revanche, la conception du rover elle-même nécessiterait une refonte technique importante, notamment pour supporter les nuits lunaires glaciales qui, on le rappelle, durent environ quatorze jours terrestres.

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Le Sample Fetch Rover testé dans une carrière à Milton Keynes. Crédits : Nina Massey

Un autre rover en attente

En attendant, l’ESA, qui a financé le développement de ce rover, se penche également sur le devenir de celui de la mission ExoMars, nommé Rosalind Franklin. Le véhicule, construit pour rechercher des traces de vie sous la surface de la Mars, devait être lancé par la Russie le mois dernier. La guerre en Ukraine a depuis mis un terme à cette collaboration.

L’ESA espère toujours envoyer son rover sur Mars vers la fin de cette décennie avec l’aide de la NASA. Une décision finale sur le projet sera prise plus tard cette année. Poursuivre cette mission nécessitera en effet un nouvel investissement important de la part de l’Agence spatiale européenne et de ses États membres, en plus des 1,3 milliard d’euros déjà dépensés pour le programme.