Curiosity s’apprête à entamer sa onzième année sur Mars. Et bien qu’un peu usé, le rover est toujours aussi fringant, comme en témoigne son ascension récente du mont Sharp. Imaginez une pente raide parsemée de rochers et de sable. Comment le véhicule a-t-il passé cette incroyable difficulté ?
Curiosity en pleine étape de montagne
Si Perseverance fait beaucoup parler de lui, à juste titre, n’oublions pas que le rover Curiosity fait toujours des heures supplémentaires sur Mars. Il évolue en effet dans le cratère Gale, un grand cratère d’impact de 154 km de diamètre situé près de l’équateur de Mars. Et pour cause, le site propose des caractéristiques géologiques intéressantes, dont un monticule central massif de plusieurs kilomètres de haut : le mont Sharp. Ce dernier contient des couches de sédiments anciens et de formations susceptibles de fournir des indices sur l’histoire passée de la planète rouge, notamment sur son climat et sa capacité à soutenir la vie.
Depuis son arrivée sur Mars, Curiosity a d’ailleurs effectué de nombreuses découvertes importantes, confirmant notamment la présence passée d’eau ou encore la présence de composés organiques et de minéraux.
En ce moment, le véhicule explore une zone surnommée « Jau ». Parsemée de dizaines de cratères d’impact, vous la retrouverez dans les contreforts du mont Sharp. Cependant, arriver sur place n’a pas été de tout repos. Au cours de son voyage, Curiosity a en effet dû faire face à des montées plus raides et des terrains plus risqués que d’ordinaire. Un passage en particulier a été beaucoup plus compliqué que les autres : imaginez une pente de 23 degrés tapissée d’énormes rochers et de sable glissant. La difficulté aurait nécessité la planification d’une demi-douzaine de trajets en mai et juin.

Comment piloter un rover ?
De manière générale, faire évoluer un rover sur Mars n’est jamais simple. Le terrain martien présente en effet de nombreux défis, notamment la présence de sable, de pierres tranchantes et de rochers qui peuvent entraver le déplacement du véhicule.
Dans un premier temps, les équipes de géologues et d’ingénieurs étudient attentivement les images et les données envoyées par le rover pour évaluer le terrain environnant. Ils recherchent ainsi les éventuels obstacles à surmonter. Les déplacements sont ensuite planifiés à l’aide de lignes de code spécifiques qui déterminent la distance à parcourir, les virages, les arrêts, etc. Ces lignes de code sont minutieusement écrites et vérifiées avant d’être transmises au rover. En général, un trajet classique pour un rover sur Mars peut prendre entre quatre et cinq heures. En ce qui concerne Curiosity, l’équipe chargée de planifier ses déplacements est composée d’une quinzaine de personnes.
Des arrêts imprévus, appelés « défauts », peuvent également se produire lorsque les roues patinent trop ou lorsqu’une roue se retrouve soulevée trop haut par un gros rocher. Lors de cette ascension, Curiosity s’est récemment retrouvé dans ces deux cas de figure à plusieurs reprises. Cependant, l’équipe en charge du rover assure qu’il n’a jamais vraiment été en danger malgré les difficultés. En effet, elle a finalement choisi de faire un détour, optant pour un endroit à environ 150 m où la pente semblait stabilisée. Ce détour aura ajouté quelques semaines au voyage, mais a finalement porté ses fruits en permettant à Curiosity d’envisager cette ascension avec succès.