Les Romains jetaient-ils aussi leurs ennemis aux lions en Grande-Bretagne ?

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Crédits : Jean-Léon Gérôme

Une poignée découverte lors de fouilles menées à Leicester suggère que certaines exécutions dans des colonies impériales de Grande-Bretagne impliquaient également animaux sauvages.

Dans la Rome antique, notamment sous les règnes de Caligula, de Claude, de Néron et des empereurs flaviens, il était courant de faire exécuter des prisonniers, esclaves ou des ennemis de l’État par le biais d’animaux affamés, tels que des lions et des tigres. Cette méthode d’exécution (damnatio ad bestias) aurait été répandue dans une grande partie de l’empire, mais l’était-elle également jusqu’en Grande-Bretagne ? Des fouilles récemment entreprises à Leicester (Angleterre) laissent à penser que oui.

Une scène gravée dans le bronze

Il y a quelques mois, des archéologues sont en effet tombés sur une poignée romaine en bronze d’environ 10 cm retrouvée enterrée sous le sol d’une maison fouillée en 2017 à Leicester (Ratae Corieltavorum sous domination romaine). « Lorsque nous sommes tombés dessus pour la première fois, l’artéfact nous est apparu comme un objet en bronze indiscernable, mais après l’avoir soigneusement nettoyé, nous avons repéré plusieurs petits visages. C’était absolument stupéfiant« , explique Gavin Speed, qui a dirigé les fouilles.

Décoré vers l’an 200 de notre ère, l’objet représente un homme enfermé dans une bataille acharnée avec un lion féroce. Autour, quatre jeunes individus nus semblent craindre la scène.

Selon des chercheurs du King’s College de Londres, cet artéfact représente probablement l’exécution d’un « barbare ». En témoigne son apparence, torse nu avec des cheveux longs et une grande barbe. Gravé dans le bronze enroulé autour du corps de sa victime avec la gueule grande ouverte, le lion semble sur le point de porter le coup fatal, tandis que les quatre jeunes témoins pourraient assister à la scène en signe d’avertissement.

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Crédits : Université des services archéologiques de Leicester

Des spectacles familiers ?

Les Romains importaient des lions de Mésopotamie et d’Afrique du Nord pour combattre au Colisée. Pour John Pearce, archéologue au King’s College de Londres, il est tout à fait possible que les Romains aient également transporté certaines de ces créatures jusqu’en Grande-Bretagne. « Vous pouvez imaginer un voyage en mer, probablement jusqu’à l’embouchure du Rhône, avec un lion en cage à bord d’un navire », dit-il. « Ils auraient pu suivre le fleuve jusqu’à Lyon, avant d’entreprendre un voyage en chariot jusqu’au Rhin dans le but de rejoindre la mer du Nord, puis Londres« .

Comme le souligne l’étude, des travaux ostéologiques récents laissent également à penser que des spectacles de ce type étaient peut-être familiers pour le public britannique. Les analyses de restes humains d’hommes adultes d’origines géographiques diverses retrouvés près du Mur de Londres ou dans les cimetières de York, une ville fortifiée du nord-est de l’Angleterre fondée par les Romains, montrent en effet des signes de traumatismes violents, à la fois au cours de leur vie et comme cause de leur mort. Le bassin d’un individu de York, notamment, porte des blessures par perforation faites par un animal encore non identifié.

Aussi, pour les auteurs, il n’est donc pas impossible que la création de cette anse s’inspire directement d’un spectacle ayant eu lieu en Grande-Bretagne.