Rocket Lab veut envoyer une mission privée sur Vénus en 2023

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Crédits : Andrew Burns

Les nuages de Vénus pourraient-ils abriter la vie ? C’est la question à laquelle Peter Beck, fondateur et PDG de Rocket Lab, aimerait répondre. Pour ce faire, il compte envoyer un vaisseau directement sur place en 2023.

Il y a quelques jours, la Royal Astronomical Society annonçait avoir isolé de la phosphine dans les nuages de Vénus, à une altitude où les températures et les pressions sont similaires à celles ici enregistrées au niveau de la mer sur Terre. L’annonce est particulièrement excitante dans la mesure où sur notre planète, ces molécules peuvent être produites par des bactéries anaérobies.

Évidemment, le fait d’isoler la signature de la phosphine ne signifie pas nécessairement que l’on a découvert une vie extraterrestre. Il est en effet possible que ces molécules soient générées par des réactions chimiques que nous ne comprenons tout simplement pas encore. Toujours est-il que le meilleur moyen de le savoir serait d’aller voir directement sur place. Ça tombe bien, c’est exactement ce que compte faire Rocket Lab.

Une société ambitieuse

Rocket Lab est une jeune société aérospatiale spécialisée dans l’envoi de petites charges. Après un échec de mise en orbite avec sa fusée Electron au printemps 2017, la société a enregistré un premier succès en janvier 2018 lors du second test de son lanceur. Celui-ci avait alors mis en orbite trois petits satellites de format CubeSat.

Depuis, la société est en progrès. Sa fusée Electron a continué à mettre en orbite des satellites pour la NASA, la DARPA et l’US Air Force. En parallèle, elle a également commencé à tester des méthodes de récupération permettant le recyclage du premier étage de ses lanceurs comme le fait très bien SpaceX depuis quelques années.

Enfin, après un échec de lancement essuyé en juillet dernier, Rocket Lab s’est de nouveau illustrée au mois d’août en déployant son propre satellite, construit en interne. Et c’est une grande première. Conçu pour transporter de petites charges utiles en orbite terrestre basse pour le compte de clients, le vaisseau spatial nommé Photon serait également capable d’assurer des missions interplanétaires.

Rocket Lab aura d’ailleurs bientôt l’occasion de le prouver. La société vient en effet de remporter un contrat de la NASA pour envoyer un CubeSat de la taille d’un four à micro-ondes en orbite lunaire, dans le cadre de la mission Capstone.

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Une illustration du vaisseau spatial Photon. Crédits : Rocket Lab

Objectif Vénus

Ceci dit, si pouvoir atteindre la Lune serait effectivement un bel exploit, Rocket Lab ne compte pas s’arrêter là. Peter Beck, son PDG, prévoit en effet depuis longtemps l’envoi d’une sonde dans l’atmosphère de Vénus pour y rechercher des signes de vie extraterrestre. Ce type de mission pourrait également nous aider à comprendre pourquoi celle qui autrefois ressemblait à la Terre a si mal tourné.

Rocket Lab travaille sur cette mission vénusienne depuis des mois déjà. La société collabore d’ailleurs avec Sara Seager, du MIT, qui fait partie de l’équipe qui a récemment détecté de la phosphine dans l’atmosphère de la planète.

Si la mission se concrétise, le vaisseau Photon ne se rendra pas lui-même dans l’atmosphère de la planète. Il se chargera « simplement » de la survoler et de « lâcher » une petite sonde. Celle-ci traversera les couches nuageuses de Vénus à plus de 38 000 km/h, sans parachute ni aucun système de freinage pour la ralentir. Le but de cette brève descente sera d’échantillonner un peu d’atmosphère et de transmettre ces données au vaisseau mère Photon avant de succomber aux conditions dantesques retrouvées près de la surface.

Si la vision de Beck se réalise, Rocket Lab sera la première entreprise à lancer une mission interplanétaire privée.

Alors que cette mission pourrait nous fournir des données intéressantes sur l’atmosphère de la planète, certains ne sont toutefois pas sûrs qu’elle soit suffisante pour détecter de véritables signes de vie. « Il est peu probable que les petites sondes, comme celle proposée par Rocket Lab, aient la masse nécessaire pour transporter les instruments sophistiqués dont nous avons besoin pour aller au coeur de ces recherches« , estime notamment Paul Byrne, spécialiste des planètes à la North Carolina State University. Affaire à suivre, donc.

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Vénus et la Terre. Crédits : Pixabay

Vénus, la NASA y pense aussi

De son côté, n’oublions pas que la NASA, qui se concentre davantage sur Mars, n’a pas non plus mis Vénus de côté. Plus tôt cette année, l’agence a en effet annoncé les finalistes de son programme Discovery. Et l’une d’elles, la mission Davinci +, est très similaire à celle envisagée par Rocket Lab.

L’idée serait là aussi de libérer une sonde dans l’atmosphère de Vénus et d’analyser plusieurs gaz inertes rares comme le krypton et le néon qui pourraient nous éclairer l’histoire de Vénus. Au regard des dernières nouvelles, on imagine que cette mission pourrait également être calibrée pour détecter de la phosphine associée à des organismes vivants. Si elle est sélectionnée, cette mission ne sera en revanche lancée qu’en 2026.