Pourquoi ce robot chinois poseur de câbles sous-marins est-il inquiétant ?

robot Chine fonds marins
Crédits : The Global TImes

Dernièrement, la Chine a déclaré avoir mis au point un robot capable de poser des câbles à environ 11 000 mètres de profondeur. Le Haiwei GD11000 pourrait donc atteindre le Challenger Deep, le point le plus profond jamais mesuré dans les océans. Pour les responsables du projet, l’exploration sous-marine pourrait entrer dans une nouvelle ère.

Un record de profondeur

En 2019, la Chine avait déjà fait sensation en lançant le projet Hadès. L’objectif ? Explorer la zone hadale qui se trouve entre 6 000 et plus de 11 000 mètres de profondeur. Dans un premier temps, l’objectif serait d’installer une base sous-marine avancée à environ 5400 m de profondeur, dans la fosse de Manille, en mer de Chine méridionale. À l’époque, cette base a été pensée pour servir de laboratoire et de port pour des drones sous-marins embarquant des capteurs afin de récolter une multitude d’informations et éventuellement découvrir des formes de vie inconnues.

Un article publié par le Global Times, un média affilié au parti communiste chinois, le 19 novembre 2024 évoque à nouveau la zone hadale et même au-delà dans le cadre d’un autre projet. L’Université marine de Dalian (Chine) a en effet mis au point un robot capable de descendre à environ 11 000 mètres de profondeur. La machine peut donc atteindre le Challenger Deep, le point le plus profond jamais mesuré (10 984 mètres), au sud de la fosse des Mariannes. Cependant, il n’est pas vraiment question d’exploration marine de nature scientifique. En effet, le Haiwei GD11000 n’est autre qu’un robot poseur de câbles.

Challenger Deep fosse
Crédits : Kmusser / Wikipedia

Comme l’explique le média chinois, le robot est un concentré de technologie qui peut embarquer un câble ultra mince d’un diamètre inférieur à 34 mm. Or, ce câble peut supporter un transfert de plus de 51 kW d’énergie et l’utilisation de charges de travail de plus de quinze tonnes à une vitesse de 120 mètres par minute. En octobre 2024, le Haiwei GD11000 a ainsi établi un record en posant un câble à un peu plus de 11 000 m de profondeur. Le précédent record avait établi un peu plus tôt dans l’année par la société italienne Prysmian (2150 m).

Un robot qui suscite certaines craintes

Au-delà de l’avancée technologique que cette innovation représente, le projet peut être source d’inquiétude sur le plan international. La Chine désire en effet se rendre seule maitresse de l’exploration du fond de la fosse des Mariannes et contrôler ce qui s’y trouve tout en prenant de l’avance en termes de recherche scientifique. Rappelons que le pays y avait déjà mené une expédition en 2020 au moyen du submersible Fendouzhe.

Enfin, les craintes se situent également au niveau géostratégique. Effectivement, l’accès à la fosse des Mariannes pourrait peut-être permettre à la Chine de percer symboliquement (avec ses câbles) la « Second Island Chain » qui va du Japon à la Micronésie en passant par l’île de Guam (États-Unis). Or, cette chaine sert sur le plan militaire pour protéger les États-Unis d’une éventuelle attaque qui vient d’Asie.