Malgré l’interdiction de vente des cotons-tiges en plastique depuis le 1er janvier 2020, ces produits se trouvent encore facilement sur le marché sous une forme biodégradable et compostable, et constituent, pour de nombreux Français, une méthode pratique et pas chère privilégiée pour garder des oreilles propres. Il leur est donc difficile de s’en défaire. Toutefois, les oto-rhino-laryngologistes s’accordent à dire que ces petits bâtonnets ouatés sont non seulement inutiles, mais peuvent aussi se révéler dangereux pour le bon fonctionnement de nos conduits auditifs. Mais quels sont les dangers avérés encourus par les utilisateurs de ces produits d’hygiène et par quoi peut-on les remplacer ? Voici ce qu’il faut savoir.
Les cotons-tiges contre le cérumen : une source de problèmes
Qu’est-ce que le cérumen ? À quoi sert-il ?
Cette sécrétion naturelle cireuse se développe dans nos oreilles pour former un film protecteur et antiseptique pour préserver le canal auditif des éléments extérieurs. Il va à la fois protéger la peau de l’assèchement en permettant de lubrifier l’oreille tout en évitant un excès d’humidité. Il forme par ailleurs une barrière naturelle contre la poussière, les germes pathogènes et même les insectes qui pourraient sans cela se diriger vers l’oreille interne. Ainsi, il permet de limiter les infections, les démangeaisons et les irritations, mais aussi d’éliminer les petites peaux mortes locales. Il est donc indispensable pour la santé de nos oreilles.
Toutefois, si une grande partie est poussée vers l’extérieur par le mouvement des mâchoires et les cellules de la peau, permettant ainsi un autonettoyage des orifices, il peut parfois trop s’accumuler chez certaines personnes au point de former un bouchon de cérumen.
Les cotons-tiges : des alliés discutables contre le cérumen

Si certaines personnes utilisent alors un spray nettoyant type Audispray pour se prémunir d’une trop forte accumulation, beaucoup se tournent quant à eux vers le coton-tige pour une bonne hygiène auriculaire. Or, une mauvaise utilisation s’accompagne de nombreux risques. Tout d’abord, cet outil tout comme le cure-oreille (son pendant zéro déchet) peuvent tous deux tasser le cérumen et l’enfoncer plus loin dans l’oreille. Cela peut alors provoquer un bouchon d’oreille. Normalement, les cotons-tiges ne devraient servir que sur la partie externe de l’oreille. Une fois le bouchon formé, le patient peut alors ressentir une diminution de sa capacité auditive, des acouphènes ou encore des vertiges.
Poussée plus profondément dans l’orifice auditif, cette accumulation de matière cireuse peut occasionner d’autres problèmes. Cela peut par exemple favoriser les infections douloureuses (l’otite externe bactérienne) ou fongiques avec à la clé de fortes démangeaisons (on parle alors d’otomycose). Dans le pire des cas, une utilisation trop brutale peut accidentellement fragiliser ou percer le tympan ou encore causer des dommages à l’oreille interne.
En bref, le nettoyage peut être non seulement contre-productif, mais également néfaste en allant jusqu’à la perforation du tympan. De plus, un nettoyage trop fréquent et intensif peut à la longue favoriser la survenue d’un eczéma. Les glandes cérumineuses peuvent en outre s’épuiser, si bien qu’elles ne pourront plus produire le cérumen servant à la protection comme à l’hygiène du conduit auditif. Notez enfin un risque de paralysie faciale.
Comment se laver les oreilles sans impair ?

Comme évoqué tantôt, les oreilles sont autonettoyantes. Malgré une vision hygiéniste qui tend à présenter le cérumen comme indésirable et malgré son aspect, il est en réalité stérile et indispensable. Ainsi, hormis en cas de bouchons récurrents qui occasionnent un inconfort ou une perte d’audition en cas de surplus, mieux vaut ne pas abuser du nettoyage qui ne serait dans ce cas pas une nécessité. Pour éviter les microtraumatismes internes, remplacez les cotons-tiges par une poire auriculaire remplie d’eau tiède ou plus simplement l’eau de la douche (sans ajout de savon) pour assurer le lavage efficacement. Il est par ailleurs possible d’avoir recours à un spray auriculaire à l’eau de mer si le bouchon est avéré. Toutefois, l’intervention d’un médecin peut aussi permettre de rapidement retirer l’accumulation.
N’excédez en tout cas pas deux lavages par semaine, bien que la fréquence de nettoyage dépende fortement de l’individu. En effet, certains produisent plus de cérumen et tous les cérumens ne se ressemblent pas. Et surtout, ne cherchez pas à récurer le fond de l’oreille. Sur un conduit de 1,5 cm de long, seul le tiers externe présente en effet du cérumen. Enfin, bannissez la bougie auriculaire. Non conseillée par les ORL qui doutent de son efficacité réelle, elle peut occasionner des brûlures de la peau et des cheveux ainsi qu’une perforation du tympan. À cela s’ajoute que son efficacité est très limitée, les dépôts observés à l’intérieur étant non pas du cérumen retiré, mais bien… des résidus issus de la bougie elle-même.
