Le risque d’ouragans ‘en série’ s’accroît dans l’Atlantique Nord

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De gauche à droite : Katia, Irma et José se déchaînent en 2017. Crédits : Wikimedia Commons.

Et si les ouragans à forts impacts affectaient plus souvent les terres de manière séquentielle, c’est-à-dire quand plusieurs cyclones se succèdent sur une même région en un court laps de temps ? C’est en tout cas ce que soutient une étude publiée dans la revue Nature Climate Change le 27 février dernier.

En matière d’ouragans en série, on se souvient notamment de la saison 2017 avec le quatuor Harvey, Irma, José et Maria, mais aussi de la saison 2021 avec Ida et Nicholas. Comme les ouragans subséquents arrivent sur des zones déjà fragilisées, les risques sont décuplés. « Nicholas était une tempête assez faible et l’une des raisons pour lesquelles elle présentait un risque important est que le sol était déjà saturé », rapporte Ning Lin, coauteur de l’étude. « Il y a donc eu beaucoup d’inondations ».

Or, si le passage de plusieurs cyclones tropicaux en un court laps de temps reste un évènement relativement peu fréquent, son occurrence pourrait bien augmenter avec le changement climatique, du moins sur la côte est des États-Unis et dans le Golfe du Mexique, régions sur lesquelles se sont penchés les chercheurs.

Vers un regroupement des ouragans à forts impacts

Sur la base de simulations informatiques à haute résolution, les scientifiques ont exploré deux scénarios socio-économiques, l’un avec des émissions de gaz à effet de serre modérées et l’autre avec des émissions élevées. Dans chaque cas, les modèles montrent une hausse des séquences de cyclones à forts impacts. « Un cyclone de type Katrina et un cyclone de type Harvey impactant les États-Unis à moins de quinze jours d’intervalle, risque inexistant dans la simulation de contrôle sur plus de mille ans, devraient avoir une probabilité d’occurrence annuelle de plus de 1 % d’ici la fin du siècle dans le cadre du scénario d’émissions élevées », note l’étude dans son résumé.

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Crédits : Creative Commons – CC0.

Cette évolution est notamment due à des submersions marines et des inondations plus sévères en raison de la hausse du niveau marin et de l’intensité des pluies dans un contexte de réchauffement climatique. En effet, le niveau de base de la mer est plus élevé, ce qui amplifie la hauteur des ondes de tempêtes. Par ailleurs, un air plus chaud peut contenir plus de vapeur d’eau (un phénomène explicité par la relation de Clausius-Clapeyron), ce qui dope les précipitations cycloniques.

Un risque à prendre en compte dès aujourd’hui

Les chercheurs indiquent qu’une tendance à la hausse est déjà visible dans les observations pour l’Atlantique Nord. « Il y a eu une évolution à la hausse au cours des dernières décennies », constate le chercheur. Face à cette menace, les États, les décideurs et les gestionnaires doivent se préparer à des crises simultanées et successives qui nécessiteront par exemple d’envoyer des ressources et des équipes d’interventions à plusieurs endroits au même moment. La planification et la préparation sont par conséquent indispensables pour s’adapter le mieux possible à ce risque émergent.

« Si un système électrique a besoin de quinze jours pour se remettre d’un ouragan majeur, nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps dans le futur, car la prochaine tempête peut frapper avant que vous ne puissiez rétablir le courant, comme dans le cas de Nicholas après Ida », explique Ning Lin. « Nous devons réfléchir aux plans, aux secouristes, aux ressources. Comment allons-nous planifier cela ? ».