Yohan Demeure
Le cerveau des non-voyants se sert des représentations auxquelles il a accès. Ainsi, si la vue est à exclure, ce n’est pas le cas de l’ouïe, du toucher et du goût !
Rêver sans voir défiler un nombre incalculable d’images est quelque chose d’inimaginable pour la plupart du commun des mortels. En effet, la vue se trouve au centre de l’existence des personnes capables de voir leur environnement, mais également au centre de leurs rêves puisque l’on sait depuis des années que ces derniers sont en lien avec le subconscient.
En revanche, les personnes aveugles de naissance n’ont jamais pu voir une image de toute leur vie et n’ont donc pas la possibilité de se construire un film en images. Pourtant, les aveugles rêvent bel et bien comme l’explique Philippe Peigneux, chercheur en neurosciences au Centre de recherches du cyclotron à Liège (Belgique) :
« Dans les phases du sommeil pendant lesquelles on rêve, les zones sensorielles primaires du cerveau, qui prennent en charge pendant la journée les informations transmises par les organes des sens, sont désactivées.
Elles passent le relais aux régions associatives qui sont, elles, impliquées dans le stockage des images visuelles, mais également sonores, gustatives, auditives ou tactiles de la journée. Elles forment une sorte de bibliothèque de représentations appelée contenu mnésique. »
Ainsi, le cerveau se sert d’un stock de données relatives à différentes représentations dans le but de construire les rêves et cela est valable pour tous. Les non-voyants piochent donc dans les représentations sonores, tactiles et même gustatives, en sommes celles qui leur sont disponibles.
Même si ceux-ci ont un cortex visuel, ils décriront plutôt un environnement très sonore. Citons également les personnes ayant perdu la vue après leur septième année pouvant encore rêver en images. Quant aux personnes sourdes de naissance, celles-ci font des rêves contenant des couleurs très vives.
Sources : Science et Vie – Vice
