Un groupe d’experts indépendants s’est récemment penché sur la mission conjointe de la NASA et l’ESA visant à ramener sur Terre des échantillons martiens. Le rapport évoque de possibles dépassements de coûts et d’éventuels retards de calendrier. Néanmoins, le jeu en vaut la chandelle.
Analyser des roches martiennes prélevées directement sur place fait partie des rêves les plus ambitieux des scientifiques planétaires. Ce projet sera bientôt une réalité. Dans le cadre d’une mission conjointe, la NASA et l’Agence spatiale européenne comptent en effet ramener des échantillons de la planète rouge au début des années 2030.
Un groupe d’experts indépendant vient de passer des mois à éplucher et analyser les plans existants. Et selon lui, cette mission en vaut la peine, mais cela ne sera pas facile. Ce nouveau rapport détaille 44 conclusions et autant de recommandations visant à corriger leurs faiblesses.
« Nous pensons à l’unanimité que ce programme de retour d’échantillons de Mars doit se poursuivre, car nous pensons que sa valeur scientifique sera extraordinairement élevée« ; a communiqué le groupe d’experts. Et pour cause, cette incroyable mission pourrait bien être celle qui nous révèlera l’existence d’une forme de vie extraterrestre dans le Système solaire.
« Cependant, en tant que première mission aller-retour vers une autre planète, ce retour d’échantillons martien est également un programme extrêmement ambitieux, techniquement exigeant et complexe sur le plan opérationnel« , a ajouté David Thompson, président du comité d’examen indépendant.
Le déroulé de la mission
Dans le cadre de cette mission, nommée Mars Sample Return, tout commence avec Persévérance. Dès son atterrissage en février 2021 dans le cratère Jezero, le rover sondera le sol à la recherche de traces de vie passée. Il est alors prévu de mettre les échantillons de roche les plus prometteurs sous scellé. Ces derniers seront ensuite laissés à la surface en attendant d’être ramassés.
Dans un second temps, en 2026, la NASA se chargera d’envoyer un nouvel atterrisseur sur la planète rouge. Une fois à la surface (été 2028), celui-ci déploiera un second rover dont l’objectif sera de récolter les échantillons mis de côté par Persévérance. Ces derniers seront alors déposés dans une petite fusée qui décollera ensuite au printemps 2029 pour se placer en orbite autour de la planète rouge.
Entre temps, durant l’été 2028, l’ESA se chargera d’envoyer une sonde qui viendra récupérer les échantillons directement en orbite, avant de les ramener sur Terre au printemps 2032.
Vous l’aurez compris, il est ici question d’une vaste entreprise partagée par deux grandes agences spatiales impliquant plusieurs engins spatiaux fonctionnant pendant plus d’une décennie. Pour la première fois, un décollage de fusée sera également tenté depuis la surface de la planète rouge. À cela s’ajoutent les incroyables défis à surmonter pour éviter la contamination des échantillons.

Dépassements de coûts et retards de lancements
Ainsi, la prochaine grande étape de cette grande mission est prévue pour 2026. Ceci dit, le comité d’examen indépendant tempère quelque peu ces ambitions. Il suggère que la fenêtre de lancement suivante, ouverte en 2028, serait finalement plus envisageable. La NASA et l’ESA ont quant à elles fait savoir qu’elles continueraient à cibler l’année 2026 pour envoyer leur atterrisseur.
Côté budget, le conseil a également suggéré ces retards potentiels pourraient augmenter d’au moins 30% les financements de ladite mission. Au final, celle-ci pourrait coûter entre 3,8 et 4,4 milliards de dollars aux deux agences.
Enfin, bon nombre des recommandations du rapport sont d’ordre organisationnel. Et pour cause, les principaux centres de fabrication d’engins spatiaux de la NASA sont déjà concernés par d’autres projets ambitieux. Citons le développement des télescopes James Webb et Roman ou encore celui de la mission Europa Clipper. L’ESA propose également plusieurs missions en cours de développement.
Aussi, le comité d’examen recommande une série de mesures pour s’assurer que les deux agences partagent soigneusement le travail entre chaque centre. Il conseille également la mise en place de moyens d’hébergements supplémentaires près des installations des deux agences de manière à ce que le personnel de la NASA et de l’ESA puisse travailler sereinement.