Quelques restes de soldats morts durant la célèbre bataille de Waterloo (Belgique) en 1815 ont été déterrés par des archéologues. Il s’agit d’une découverte incroyablement rare sur un champ de bataille napoléonien. D’autres fouilles sont en cours pour tenter d’en extraire davantage.
Une découverte exceptionnelle
Le professeur Tony Pollard, directeur du Centre for Battlefield Archaeology de l’Université de Glasgow, assure n’avoir jamais rien vu de tel en vingt ans de métier. Au cours de ces derniers mois, ses équipes ont fouillé les restes de plusieurs humains et chevaux, nous rapprochant un peu plus de la dure réalité de Waterloo.
Parmi les découvertes de la dernière fouille, les restes de trois membres amputés ont été découverts à la ferme Mont-Saint-Jean. Il s’agissait du site du principal hôpital de campagne du duc de Wellington pendant la bataille.
Au cours de la bataille de Waterloo, livrée le 18 juin 1815, l’armée française (Armée du Nord) sous le commandement de Napoléon Ier fut en effet défaite par les forces des Alliés composées de Britanniques, d’Allemands, de Néerlandais, puis de l’armée prussienne.
Les historiens décrivent la bataille comme un tournant épique dans l’histoire européenne qui mit fin à l’ambition de Napoléon de gouverner une grande partie de l’Europe. L’issue de cette bataille remodela également la relation de la Grande-Bretagne avec le continent.

Les historiens estiment que plus de 47 000 hommes perdirent la vie ce jour-là. Pourtant, les archéologues n’ont récupéré à ce jour que quelques restes humains. On ne compte d’ailleurs qu’un seul squelette complet : celui d’un soldat de la King’s German Legion (KGL) du roi Georges III, déterré en 2012.
Ces maigres découvertes soulèvent donc une question majeure : où sont passés les corps de toutes les autres victimes et autres chevaux de cette bataille napoléonienne ?

Des squelettes vendus transformés en engrais ?
Une étude publiée en juin 2021 dans le Journal of Conflict Archaeology, nous livrait une réponse étonnante et plutôt macabre. D’après les auteurs, il serait en effet « très probable » que tous ces ossements aient été vendus comme engrais peu après la bataille.
Nous savons en effet qu’à cette époque, l’agrochimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873) venait de mettre en lumière le principe de fertilisation. On apprit alors que pour pousser dans de bonnes conditions, les plantes devaient pousser dans un sol riche en azote, en potassium et phosphore, et qu’il fallait ensuite rendre à la terre les nutriments prélevés pour éviter que les sols ne s’appauvrissent.
À cette époque, le fumier des animaux de ferme était certes efficace, mais plus suffisant alors que se profilait la révolution industrielle qui entraîna avec elle une forte augmentation des populations (et donc plus de bouches à nourrir). Pour produire davantage, les cultures nécessitaient donc davantage de nutriments, ce qui nous ramène à ces fameux ossements de Waterloo. Le squelette humain, très riche en phosphate de calcium, aurait effectivement pu être considéré comme un excellent engrais.