Sur une large partie du globe, les forĂȘts ont perdu en rĂ©silience au cours des vingt derniĂšres annĂ©es. Autrement dit, il leur est plus difficile de faire face aux perturbations environnementales qui tendent par ailleurs Ă se multiplier (vagues de chaleur, sĂ©cheresses, etc.). Ce sont lĂ les rĂ©sultats rapportĂ©s par une Ă©tude parue dans la cĂ©lĂšbre revue Nature le 13 juillet dernier.
Avec les ocĂ©ans, les forĂȘts et leurs sols constituent des puits naturels de carbone. En effet, elles absorbent environ un tiers des Ă©missions de dioxyde de carbone (CO2) produites par les activitĂ©s humaines, limitant ainsi lâampleur du rĂ©chauffement climatique. Toutefois, ce puits de carbone devient de moins en moins efficace Ă mesure que le thermomĂštre monte et que les rĂ©gimes de pluies se modifient.
Une surveillance satellitaire des forĂȘts Ă lâĂ©chelon mondial
Une nouvelle Ă©tude basĂ©e sur le suivi satellitaire a dĂ©sormais montrĂ© quâĂ cette moindre efficacitĂ© du puits de carbone continental sâajoute une moindre rĂ©silience face aux perturbations climatiques et environnementales. En somme, les forĂȘts sont fragilisĂ©es et plus susceptibles de dĂ©pĂ©rir lorsque surviennent des phĂ©nomĂšnes marquants comme les sĂ©cheresses, les vagues de chaleur ou les invasions de ravageurs.
« Les preuves expĂ©rimentales d’augmentations soudaines de la mortalitĂ© des arbres soulĂšvent des inquiĂ©tudes quant Ă la variation de la rĂ©silience des forĂȘts. Or, on sait peu de choses sur la façon dont celle-ci Ă©volue en rĂ©ponse au changement climatique », indique lâĂ©tude dans son rĂ©sumĂ©.
Les donnĂ©es analysĂ©es par un algorithme dâapprentissage automatique rĂ©vĂšlent que plus de la moitiĂ© des forĂȘts du monde ont subi une diminution de leur rĂ©silience entre 2000 et 2020. Autrement dit, selon la dĂ©finition retenue par les chercheurs, ces forĂȘts ont perdu leur capacitĂ© Ă surmonter et Ă se remettre dâun Ă©vĂšnement perturbateur. Par consĂ©quent, elles tendent Ă dĂ©pĂ©rir et Ă laisser la place Ă un couvert plus clairsemĂ© comme peut l’ĂȘtre la savane.
Une baisse de résilience concentrée aux basses et moyennes latitudes
Cette diminution de rĂ©silience se concentre en zones tropicale et tempĂ©rĂ©e. Elle est attribuĂ©e Ă lâaugmentation des tempĂ©ratures moyennes et Ă la diminution de la quantitĂ© dâeau disponible dans les sols. Ă lâinverse, aux latitudes plus Ă©levĂ©es, en particulier borĂ©ales, les chercheurs ont constatĂ© une lĂ©gĂšre augmentation de la rĂ©silience en raison dâun allongement de la saison de croissance et d’une fertilisation par le CO2 l’emportant jusqu’Ă prĂ©sent sur les impacts nĂ©gatifs.
« La fragilitĂ© croissante aux perturbations externes combinĂ©e Ă une hausse de la productivitĂ© pour une fraction significative des forĂȘts mondiales confirme la cooccurrence de processus antagonistes Ă l’origine de la photosynthĂšse et de la mortalitĂ© des arbres en rĂ©ponse au changement global », rapporte lâĂ©tude dans sa conclusion. « Ensemble, ces signaux rĂ©vĂšlent un dĂ©clin gĂ©nĂ©ralisĂ© de la capacitĂ© des forĂȘts Ă rĂ©sister aux perturbations qui devrait ĂȘtre pris en compte dans la conception des plans d’attĂ©nuation et d’adaptation basĂ©s sur les sols ».