Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs australiens ont mis au jour plusieurs réseaux de routes fantômes qui sillonnent les forêts primaires de grandes îles telles que Bornéo, la Nouvelle-Guinée ou encore Sumatra. Or, ces nombreuses routes permettant de faire passer des camions sont malheureusement invisibles sur les cartes routières.
Une menace directe sur les forêts primaires tropicales
Selon un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) publié en 2021, il reste aujourd’hui 1,11 milliard d’hectares de forêt primaire dans le monde. Toutefois, la situation est très alarmante, si bien qu’à l’occasion de la COP26 de Glasgow, 145 pays avaient signé un engagement pour en finir avec la déforestation d’ici à 2030. Cet engagement semble toutefois mis à mal, car selon un document du World Resources Institute publié le 4 avril 2024, pas moins de 3,7 millions d’hectares de forêts primaires tropicales ont disparu en 2023.
Une équipe de l’Université James Cook (Australie) a publié une étude dans la revue Nature le 10 avril 2024 à propos d’un autre sujet crucial : la présence de routes fantômes au sein des forêts primaires. Les chercheurs expliquent avoir utilisé Google Earth afin de cartographier les forêts tropicales de trois grandes îles de la région Asie Pacifique, à savoir Bornéo, la Nouvelle-Guinée et Sumatra. « Nos résultats suggèrent que les routes fantômes en plein essor et peu étudiées comptent parmi les menaces directes les plus graves qui pèsent sur les forêts tropicales. », peut-on lire dans la publication.
Les routes fantômes : un phénomène qui échappe aux autorités
L’étude a permis de répertorier pas moins de 1,37 million de kilomètres de routes sur une zone de 1,4 million de kilomètres carrés. Or, ce nombre est entre trois et sept fois plus important que ce qui est visible au niveau des données routières disponibles. Environ 7 000 heures d’observation d’imageries satellites par 200 volontaires ont permis de faire ces découvertes.

Interrogé dans un article du Guardian, le principal auteur de l’étude William F. Laurance a affirmé que pas moins de 25 millions de km² de nouvelles routes pavées étaient prévus d’ici 2050. Or, environ 90 % de ces constructions de route auront lieu dans des pays en développement, notamment dans des zones tropicales et subtropicales connues pour leur exceptionnelle biodiversité. Il faut dire que les réseaux de routes récemment découverts à Bornéo, Sumatra et en Nouvelle-Guinée témoignent d’un criant manque de contrôle des gouvernements.
Enfin, si le travail des chercheurs australiens et leur équipe de volontaires a été colossal, une autre donnée donne malheureusement le vertige. Dans le cas où l’on entreprendrait une cartographie des routes fantômes à l’échelle mondiale, le temps nécessaire pour le faire serait de 640 000 heures, soit environ 73 ans.
