Voici une façon amusante de réfléchir aux échelles de temps impliquées dans l’évolution : les requins existent depuis si longtemps qu’ils ont probablement fait deux fois le tour de la Voie lactée. Explications.
Deux ans galactiques
Tout comme la Terre orbite autour du Soleil, notre Système solaire, composé du Soleil et de toutes les planètes qui gravitent autour de lui, effectue une danse cosmique tout en se déplaçant autour du centre de notre galaxie, la Voie lactée, à une vitesse folle de plus de 828 000 kilomètres par heure. À une distance d’environ 28 000 années-lumière du centre galactique, cela signifie qu’il nous faudrait environ 230 millions d’années (bien que les estimations puissent varier entre 225 et 250 millions d’années en termes de temps terrestre) pour achever une orbite complète autour du centre de la Voie lactée.
Une façon de visualiser cette échelle de temps astronomique est de la comparer à la durée de vie des requins, dont l’histoire s’étend sur environ 450 millions d’années. Cela signifie que depuis leur apparition dans les mers et océans de la Terre, ces animaux ont effectué pas moins de deux orbites complètes autour du centre de notre galaxie.
En tant que groupe, les requins ont survécu à toutes les grandes extinctions de masse de la Terre. Les plus anciennes preuves fossiles de requins ou de leurs ancêtres nous ramènent en effet à la période de l’Ordovicien supérieur. Quelques millions d’années plus tard, le monde essuyait sa première grande extinction de masse : celle de l’Ordovicien, avant d’enchaîner avec l’extinction du Dévonien (360 à 375 millions d’années), du Permien (252 millions d’années), du Trias (200 millions d’années) et du Crétacé (66 millions d’années). Une question se pose alors : comment les requins ont-ils fait pour tenir autant de temps en tant que groupe ?
Une redoutable capacité d’adaptation
L’un de ces facteurs pourrait être que les requins sont capables de modifier « rapidement » leur physiologie en réponse aux conditions environnementales changeantes, notamment aux changements de température.
Nous savons aussi que plusieurs espèces d’élasmobranches, une sous-classe du groupe des poissons cartilagineux comprenant les requins, peuvent se déplacer entre les environnements d’eau douce et d’eau salée. Cette capacité a probablement favorisé leur adaptation aux changements climatiques passés, notamment lorsqu’une quantité importante d’eau douce pénétrait dans les océans en raison de la fonte des glaces. Leur capacité à évoluer dans différentes parties de la colonne d’eau, qu’il s’agisse de grandes profondeurs, d’eaux peu profondes ou même de rivières, est un autre facteur qui a contribué à leur survie.
Enfin, nous savons qu’ils mangent une grande variété d’aliments, comme du plancton, des poissons, des crabes, des phoques et des baleines. Cette diversité signifie que les requins en tant que groupe ont plus de chances de survivre aux conditions changeantes. Certaines espèces peuvent certes disparaître, mais ils resteront en place en tant que groupe.