Découverte : certains requins « brillent » aussi dans le noir

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Crédits : Mallefet et al., Front. Mar. Sci., 2021

Selon de nouvelles recherches, trois espèces de requins évoluant dans profondeurs crépusculaires sont capables de briller dans le noir. Mesurant près de deux mètres de long, l’un de ces poissons est également l’un des plus grands vertébrés bioluminescents au monde.

Les capacités bioluminescence sont développées dans de nombreux autres organismes. Citons les champignons, les poissons ou encore le phytoplancton. Naturellement, ces caractéristiques apparaissent plus utiles pour les formes de vie évoluant dans l’obscurité. Dans la zone aphotique (ou zone mésopélagique) entre 200 et 1000 mètres sous la surface de l’océan, la bioluminescence est d’ailleurs la norme, jouant un rôle important dans la structuration du plus grand écosystème de notre planète. Plus de 90% des espèces y produisent leurs propres lumières d’une manière ou d’une autre.

Cependant, chez les requins, la bioluminescence n’est pas bien documentée. Dans le cadre d’une étude récente, les biologistes marins Jérôme Mallefet et Laurent Duchatelet, de l’Université catholique de Louvain (Belgique), ont donc tenté d’en savoir un peu plus.

Trois espèces bioluminescentes

Dans cet esprit, ils ont collaboré avec l’Institut national de recherche sur l’eau et l’atmosphère (NIWA) en Nouvelle-Zélande. Les scientifiques ont alors pu capturer plusieurs centaines de spécimens. Sur cet échantillon, vingt-cinq spécimens étaient capables de bioluminescence.

Grâce à leurs travaux, nous savons désormais que le requin cerf-volant (Dalatias licha) brille lui aussi dans le noir. Les chercheurs le soupçonnaient depuis une quarantaine d’années, mais nous n’avions aucune preuve définitive jusqu’à présent. Avec ses 1,8 m de long en moyenne, c’est l’un des plus grands vertébrés bioluminescents connus de la planète.

Deux autres espèces sont également concernées, à savoir le requin-lanterne à ventre noir, ou requin lucifer (Etmopterus lucifer), et le requin-lanterne du sud (E. granulosus). Ces deux poissons sont plus petits. Le premier mesure environ quarante-sept centimètres en moyenne et le second environ soixante centimètres.

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Le requin cerf-volant (en haut) et le requin-lanterne à ventre noir (en bas). Crédits : Crédits : Mallefet et coll., Front. Mar. Sci., 2021

Un excellent moyen de se camoufler ?

Sans surprise, les biologistes ont isolé des photophores (organes électroluminescents) dans les peaux des trois espèces. Plus intéressant : les chercheurs ont découvert que l’émission de lumière chez ces requins était contrôlée par différentes hormones. Il s’agit d’une première. Premièrement, la lueur est déclenchée par la mélatonine, puis l’alpha-mélanocyte la stimule. Enfin, les hormones adrénocorticotropes l’éteignent.

Quant à savoir pourquoi ces requins brillent dans le noir, il pourrait s’agir d’une tactique visant à attirer un compagnon, attirer une proie ou à se camoufler. Pour l’heure, la question reste ouverte, mais les biologistes penchent plutôt pour la troisième option. À ces profondeurs, la lumière solaire pénètre en effet encore un peu, laissant parfois apparaître le ciel bleuté. Par un effet de contre-éclairage (le ventre de ces requins s’éclaire en bleu) et ces poissons pourraient donc passer inaperçus sous certains angles.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Frontiers in Marine Science.