Moins d’une dizaine de castors ont permis à l’État tchèque d’économiser plus d’un million d’euros. En construisant un barrage pile au bon endroit, ces animaux ont en effet en quelques années seulement revitalisé un écosystème auparavant dégradé par un projet militaire.
Un invité surprise salvateur
Situés à plus d’une cinquantaine de kilomètres de Prague (République tchèque), les monts de Brdy ne sont pas vraiment un massif montagneux, mais plutôt un paysage vallonné. Surtout, cette zone est un ancien site militaire d’ampleur. Il y a une quinzaine d’années, les États-Unis avaient envisagé d’y installer un système radar qui aurait dû représenter, avec l’installation de missiles intercepteurs en Pologne, un bouclier antimissiles imposant. L’objectif était de protéger l’Europe centrale et orientale de potentielles attaques de certains pays. Seulement, voilà, le projet a été abandonné, notamment sous la pression de la Russie qui n’a pas accepté la proximité géographique entre ces installations et son propre territoire. Après l’abandon du projet, la zone a été abandonnée, puis rouverte en 2016, ce qui a permis à certaines espèces (comme le loup) d’y faire leur retour.
Cependant, en 2018, l’État tchèque a instigué un projet de revitalisation de la rivière Klabava qui coule en aval de deux étangs où les soldats américains avaient construit un bras de contournement. Leur but était alors de pouvoir s’entraîner sans encombre. Cependant, cet aménagement avait causé un problème environnemental que le projet du gouvernement aurait permis de régler. Alors que cette initiative prenait de plus en plus de retard, un invité surprise a réglé le problème entre-temps et fait économiser une grosse somme d’argent à l’État : le castor.

Les castors, des ingénieurs des écosystèmes
Il s’avère que les castors ont construit un barrage pile à l’endroit idéal, ce qui a permis à l’État d’abandonner le projet de revitalisation et d’économiser ainsi environ 1,2 million d’euros. La nouvelle a été reprise dans des médias locaux tels qu’iRozhlas qui rappellent que le castor avait fait son retour dans les eaux de la région en 2020. Or, seulement trois années auraient suffi à moins d’une dizaine de castors pour bâtir leur édifice et rendre ainsi au paysage son éclat d’antan.
Rappelons au passage que souvent, le castor et ses constructions ne sont pas vraiment compatibles avec les intérêts humains, notamment ceux des agriculteurs et des ingénieurs hydrauliques. Toutefois, dans le cas tchèque, l’animal semble avoir choisi l’endroit idéal, justifiant ainsi sa réputation d’ingénieur des écosystèmes.
L’espèce dont il est ici question est le castor commun (Castor fiber) que l’on retrouve en Europe et en Asie dans les cours d’eau, les zones humides, les tourbières, les lacs et les étangs. Classé espèce protégée dans plusieurs pays dont la France, le castor commun revient petit à petit après avoir frôlé l’extinction.