Des rencontres rapprochées avec d’autres étoiles peuvent-elles perturber notre planète ?

étoile ciel
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Les mouvements de plus de 300 000 étoiles étudiés par le satellite Gaia de l’ESA révèlent que de rares rencontres étroites avec notre soleil pourraient un jour perturber le nuage de comètes à l’extrême portée de notre système solaire, menaçant potentiellement la Terre dans un avenir lointain.

Rien n’est statique dans l’Univers. Au fur et à mesure que le Système solaire se déplace dans la galaxie (qui se déplace également), tout comme d’autres étoiles se déplacent en suivant leurs propres chemins, des rencontres étroites sont inévitables. Lorsque l’on parle de « rencontres étroites », imaginez une étoile se rapprochant d’une autre à quelques dizaines de milliards de kilomètres de distance. Oui, les distances dans l’Univers sont immenses, mais même si les étoiles ne se percutent pas, elles influent les unes sur les autres en fonction des trajectoires suivies.

En fonction de sa masse et de sa vitesse, une étoile devrait se trouver à environ soixante trillions de kilomètres avant qu’elle ne commence à avoir un effet sur le réservoir éloigné des comètes du Système solaire contenu dans le nuage d’Oort qui s’étend sur environ 100 000 fois la distance Terre-Soleil. À titre de comparaison, la planète Neptune orbite à une distance moyenne d’environ 4,5 milliards de kilomètres ou trente fois la distance Terre-Soleil. L’influence gravitationnelle des étoiles qui passent « près » du nuage d’Oort pourrait donc perturber les chemins des comètes qui pourraient les mener jusqu’au Système solaire interne, et donc vers notre planète s’ils étaient trop secoués.

Comprendre les mouvements passés et futurs des étoiles est l’un des objectifs de Gaia qui collecte des données précises sur les positions et mouvements de plusieurs milliers d’étoiles. Au total, plus de 300 000 étoiles ont été sondées et tracées dans la galaxie, les chercheurs analysant leur position la plus proche de notre étoile déterminée sur un maximum de cinq millions d’années dans le passé et dans le futur. Parmi elles, 97 passeront dans les prochains millions d’années à 150 trillions de kilomètres de notre étoile, tandis que 16 passeront à environ 60 trillions de kilomètres.

Parmi ces 60 étoiles, l’une d’elles se démarque : Gliese 710, avec une rencontre particulièrement proche attendue dans 1,3 million d’années. Selon les chercheurs, Gliese 710 passera à seulement 2,3 trillions de kilomètres de notre étoile, soit environ 16 000 fois la distance Terre-Soleil. En outre, et bien que Gliese 710 ait une masse de 60 % celle de notre soleil, celle-ci se déplace beaucoup plus lentement que la plupart des autres étoiles (à près de 50 000 km/h alors que la moyenne est de 100 000 km/h). Cette vitesse « réduite » lors de son passage signifie que l’étoile aura beaucoup de temps pour exercer son influence gravitationnelle sur les corps dans le nuage d’Oort. En d’autres termes, il pourrait y avoir à ce moment de l’histoire une véritable douche de comète qui s’abat dans le Système solaire.

Pendant cinq millions d’années dans le passé et dans l’avenir, les chercheurs estiment que le taux de rencontre global est d’environ 550 étoiles par million d’années dans un rayon de 150 trillions de kilomètres. Cela équivaut à une « rencontre » potentielle tous les 50 000 ans environ. Il est important de noter qu’il n’est bien sûr pas garanti qu’une étoile perturbe les comètes de sorte que celles-ci se dirigent vers les régions intérieures du Système solaire. Il est donc impossible de savoir si la Terre serait en ligne de mire ou non. Ces estimations seront affinées avec les futures analyses de Gaia, prévues pour avril prochain. Le catalogue pourrait alors contenir vingt fois plus d’étoiles, dont certaines beaucoup plus lointaines, permettant des prévisions jusqu’à 25 millions d’années dans le passé et dans le futur.

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