Remdesivir : l’essai clinique de l’antiviral mené en Chine est un échec

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Des flacons de remdesivir. Crédits : statnews

Le Financial Times rapporte les résultats négatifs du remdesivir dans la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2 lors d’un essai clinique mené en Chine. L’étude, publiée prématurément sur le site de l’OMS, a depuis été retirée.

Dans la perspective d’un début de déconfinement envisagé dans plusieurs pays (dès le 11 mai pour la France), et compte tenu de la présence toujours aussi virulente du SARS-CoV-2 sur l’ensemble de la planète, la nécessité d’identifier des moyens de lutte contre la maladie n’a jamais été aussi forte. Si plusieurs vaccins sont actuellement à l’étude, visant une immunité à titre préventif, des traitements sont également indispensables pour soigner les patients déjà touchés.

Dans cet esprit, les chercheurs tentent en priorité de repositionner des médicaments existants au lieu d’en développer de nouveaux, pour voir s’ils peuvent agir contre le Covid-19. Deux approches sont alors testées. L’une implique des médicaments agissant sur le système immunitaire pour contrôler la réaction inflammatoire de l’organisme. Et l’autre utilise des antiviraux pour empêcher directement la réplication du virus.

Dès le début de la pandémie, beaucoup ont opté pour la seconde approche, se tournant vers le remdesivir. Développé par le laboratoire Gilead Sciences et utilisé pour combattre les virus à ARN monocaténaire, l’antiviral fait actuellement l’objet de plusieurs essais cliniques, suscitant ainsi beaucoup d’espoir.

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Des particules virales du SARS-CoV-2 vues au microscope. Crédits : NIAID-RML

Des résultats non concluants

Malheureusement, le Financial Times nous apprend aujourd’hui que l’une de ces études, menée en Chine, s’est révélée non concluante dans la lutte contre le Covid-19. L’essai a montré que « le remdesivir […] n’améliore pas l’état des malades et ne réduit pas la présence de l’agent pathogène dans le système sanguin », affirme le FT, citant le document publié par erreur sur le site de l’OMS, avant d’être retiré.

Cet essai impliquait 237 patients, dont 158 ​​sous traitement et 79 dans un groupe témoin. Après un mois de traitement, 13,9% des patients sous remdesivir étaient décédés, contre 12,8% de ceux du groupe témoin, peut-on lire. En outre, le traitement aurait été stoppé prématurément chez 18 patients qui souffraient d’importants effets secondaires.

Le laboratoire Gilead, de son côté, a tenu à relever un « bénéfice potentiel » pour « les patients traités au début de la maladie ». Stephen Evans, professeur de pharmacoépidémiologie à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, a répliqué, relevant que « si le médicament ne fonctionne bien que lorsqu’il est administré très tôt après l’infection, il peut être beaucoup moins utile dans la pratique ».

De nombreux essais sont toujours en cours sur le remdesivir, notamment aux États-Unis et en Europe dans le cadre du grand essai Discovery. D’autres résultats, potentiellement positifs cette fois, sont donc encore attendus. Malgré tout, la nouvelle de l’échec de cet essai reste un coup dur pour la communauté scientifique qui fondait beaucoup d’espoir sur cette molécule, en attendant l’élaboration d’un vaccin.

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