Des reliefs massifs découverts sous la glace de l’Antarctique

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Des reliefs de terrains massifs parfois aussi grands que la tour Eiffel ont été découverts sous la glace de l’Antarctique. Contribuant à l’amincissement de la couche de glace, ces reliefs pourraient avoir de graves conséquences pour la stabilité de la région.

Revenons quelques milliers d’années en arrière. La glace scandinave fut à l’époque du Pléistocène (2 588 000 à 11 700 ans) l’une des plus grandes masses glaciaires avec à son apogée, une couverture qui pouvait s’étendre sur la majeure partie du nord de l’Europe dans une glace couvrant au total près de 6,6 millions de kilomètres carrés. Au-dessous de la nappe glacée d’environ 3 000 mètres d’épaisseur, diverses formes de reliefs ont commencé à prendre forme. Maintenant que l’ancienne couche de glace de Scandinavie a reculé, ces étranges formes de relief — les eskers — ont été exposées. Elles se présentent aujourd’hui sous la forme de crêtes allongées, rectilignes ou sinueuses pouvant atteindre plusieurs kilomètres de longueur pour les plus grandes et de quelques mètres de hauteur.

Un exemple de ces formations ci-dessous :

Crédits : Hanna Lokrantz, Commission géologique de la Suède

Les scientifiques ont depuis longtemps soupçonné que des traits similaires pourraient être cachés sous nos couches de glace actuelles, mais pas d’une telle ampleur… Des chercheurs de l’Université libre de Bruxelles en Belgique et de l’Académie des sciences de Bavière en Allemagne détaillent en effet dans la revue Nature Communication avoir découvert quelques-unes de ces formes sous la glace de l’Antarctique. À l’aide d’une combinaison d’images satellites et de données radar aériennes et terrestres, l’équipe a identifié des « réflecteurs radar » distincts sous la nappe de glace à Dronning Maud Land, en Antarctique, où l’eau de fonte se déverse dans l’océan environnant. Ces réflexions semblent être des signes de grandes protrusions en forme de crête qui ressemblent beaucoup aux anciens eskers de Scandinavie, sauf que ceux-ci sont sérieusement surdimensionnés.

Certaines de ces formations seraient aussi grandes que la tour Eiffel. Comment ces reliefs se sont-ils alors formés ? Les chercheurs ont étudié les conduits sous-glaciaires qui se forment sous de grandes couches de glace et entonnent l’eau de fond vers l’océan. Ils ont alors constaté que plus ces conduits se rapprochaient de l’océan, plus ils s’élargissaient et suggèrent que cet élargissement permet l’accumulation de sédiments sur des millénaires, ce qui entraîne la formation d’eskers. « À mesure que les conduits s’élargissent, la vitesse de sortie de l’eau subglaciaire diminue, ce qui entraîne une augmentation du dépôt de sédiments le long du conduit. Au cours des milliers d’années, ce processus engendre des crêtes de sédiments géantes — comparables en hauteur avec la tour Eiffel —, mais sous la glace », explique l’équipe dans un communiqué de presse.

La découverte est d’importance puisque plus ces reliefs sont importants, plus ils « percent » la glace par le bas, provoquant une instabilité dans la région. Les chercheurs ne peuvent stopper ce processus sous-glaciaire qui contribue à l’amincissement de la couche de glace, mais une meilleure compréhension de ce qui se passe « en dessous » pourrait au moins les mener à prédire ce qui se passera à l’avenir.

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