Des chercheurs ont récemment identifié des reliefs géants enfouis sous plusieurs mètres de boue dans les fonds marins de la mer du Nord. Ces formations géologiques remontent à l’ère glaciaire, il y a plus d’un million d’années. Cette découverte pour le moins surprenante pourrait bien modifier notre compréhension des glaciations passées et de l’évolution climatique de la Terre. Quelles sont ces structures ? Que nous apprennent-elles sur l’époque où les glaciers recouvraient une grande partie de l’Europe du Nord ?
Une découverte inattendue sous la boue de la mer du Nord
Des chercheurs de l’université de Newcastle ont récemment utilisé des ondes sonores à haute résolution pour explorer les fonds marins de la mer du Nord. Initialement, leur objectif n’était pas de trouver des traces de glaciation, mais plutôt d’étudier d’autres aspects géologiques de cette zone. Cependant, en analysant les données, ils ont découvert des reliefs d’une taille impressionnante. Ces formations géologiques sont liées à des mouvements glaciaires qui datent de la dernière période glaciaire.
Enfouis sous plus d’un kilomètre de boue, les reliefs sont restés remarquablement bien préservés. Ils témoignent de l’existence d’une calotte glaciaire géante qui recouvrait jadis une grande partie du nord de l’Europe il y a environ un million d’années. Ce n’est pas la première fois que l’on découvre des traces de glaciation dans cette région, mais cette découverte est particulièrement marquante en raison de l’ampleur et de la précision des reliefs observés.
Les images révélées par les ondes sonores montrent des formations géologiques distinctes : des crêtes crevassées et des traces d’érosion dues à l’avancée et au retrait de la glace. Ce genre de structure est typique des glaciers terrestres qui déplacent les sédiments au fur et à mesure de leur progression. En étudiant ces empreintes laissées par la glace, les chercheurs peuvent reconstituer l’histoire de l’avancée de la calotte glaciaire et son retrait au fil du temps.
Une calotte glaciaire géante : ce que révèlent les reliefs
Les reliefs découverts dans la mer du Nord montrent clairement les marques laissées par l’avancée et le recul d’une calotte glaciaire terrestre. Contrairement à l’idée précédemment répandue selon laquelle plusieurs petites calottes glaciaires se seraient succédé à cette époque, les nouvelles données suggèrent qu’il n’y a eu qu’une seule grande calotte glaciaire qui s’est formée au cours de la période du Pléistocène moyen (entre 1,3 et 0,7 million d’années).
Les glaciers terrestres sont capables de façonner le paysage en avançant sur de vastes distances. Lorsqu’un glacier progresse, il dépose des sédiments et sculpte le sol en creusant des vallées et des crêtes. Lorsque le glacier se retire, il laisse des empreintes transversales visibles sous forme de crêtes crevassées. Ces structures sont typiques des marges glaciaires, là où la glace se retire en exposant les couches de sédiments qu’elle a déplacées.
Observé dans ces reliefs de la mer du Nord, ce phénomène permet de comprendre comment les calottes glaciaires se sont formées et se sont déplacées à travers l’Europe du Nord. Ces formations montrent que la calotte glaciaire s’est étendue jusqu’à recouvrir une grande partie de la Norvège actuelle et des îles britanniques, un fait qui jusqu’à présent n’avait pas été aussi clairement démontré par les données géologiques disponibles.

Quel impact sur notre compréhension des changements climatiques ?
Cette découverte offre de nouveaux indices sur les conditions climatiques de l’époque et pourrait changer la manière dont nous comprenons les cycles glaciaires. Auparavant, les scientifiques pensaient que les glaciations étaient un phénomène récurrent, avec des avancées et des retraits glaciaires plus fréquents. Les nouvelles données suggèrent que, pendant la période du Pléistocène moyen, les glaciations ont été plus longues et plus intenses, marquées par une avancée glaciaire massive suivie de son retrait progressif.
Les chercheurs sont particulièrement intéressés par cette période du Pléistocène moyen, car elle marque un tournant dans les cycles glaciaires. Avant cette période, les périodes glaciaires étaient espacées de 40 000 ans, mais à partir de cette époque, elles sont devenues plus longues, avec un intervalle de 100 000 ans entre chaque glaciation. Comprendre où la glace s’est étendue pendant cette période pourrait offrir des indices sur les mécanismes derrière ce changement majeur dans le climat terrestre.
Les scientifiques espèrent que l’étude de ces nouvelles formations géologiques permettra de mieux comprendre la dynamique des périodes glaciaires et leur lien avec les changements climatiques mondiaux. Cette recherche est cruciale pour modéliser les effets des changements climatiques actuels et futurs, car elle pourrait révéler des modèles récurrents dans l’évolution du climat de la Terre.