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Relativity Space peut-elle devenir le prochain SpaceX ?

Relativity Space
Illustration du lancement de la fusée Terran 1 de Relativity Space. Crédit : Relativity Space

Relativity Space se prépare pour son premier lancement de fusée imprimée en 3D plus tard cette année. En cas de succès, la jeune société pourrait bouleverser l’industrie de l’aérospatial, tout comme SpaceX il y a quelques années.

Deux ingénieurs ambitieux

Alors qu’il est encore adolescent, Tim Ellis, le cofondateur de l’entreprise, passe le temps en jouant avec des LEGO pendant plusieurs heures par jour, concevant ses propres vaisseaux spatiaux. D’ailleurs, l’un de ses pouces est aujourd’hui plié en arrière à cause de cette obsession.

Ce mélange de créativité et de désir de construire des choses le conduit finalement à l’Université de Californie du Sud en 2008 où il se spécialise en génie aérospatial. Il s’implique alors dans le Rocket Propulsion Lab de l’université, un groupe d’étudiants qui construit des fusées en amateurs, et se lie d’amitié avec un autre ingénieur aérospatial, Jordan Noone. Ensemble, ils enchaînent les stages avant de se retrouver chez deux sociétés concurrentes : Ellis à Blue Origin et Noone à SpaceX.

Tous deux ne sont alors qu’au début de leur carrière… Toutefois, peut-être parce qu’ils sont encore très jeunes (pas encore 25 ans), ils ont l’impression que les choses ne vont pas assez vite, se focalisant notamment sur le potentiel inexploité des technologies émergentes de l’impression 3D. En imprimant une fusée, vous pourriez en effet considérablement réduire la chaîne d’approvisionnement traditionnelle et nécessiter jusqu’à cent fois moins de pièces. Avec suffisamment d’imprimantes, une fusée pourrait même être « montée » en quelques jours.

Ellis et Noone quittent finalement leur emploi fin 2015, puis fondent Relativity Space. Quelques semaines plus tard, l’investisseur Mark Cuban, le propriétaire des Dallas Mavericks, leur signe un chèque de 500 000 dollars, percevant chez deux jeunes ingénieurs un potentiel rare.

Tim Ellis, fondateur et PDG de Relativity Space. Crédits : Jason Connoly

Puis, tout s’enchaîne

Très vite, Ellis et Noone intègrent le Y Combinator, un programme prestigieux offrant des opportunités d’investissement aux entreprises qui démarrent. Les deux ingénieurs définissent alors une société capable d’imprimer ses fusées en 3D et développent le premier prototype de leur imprimante nommée « Stargate ». Trois mois plus tard, ils présentent leurs idées à certains investisseurs de la Silicon Valley… Puis lèvent alors dix millions de dollars en financement de série A.

Un peu plus tard, en janvier 2019, ils s’entourent de David Giger qui venait de passer près de treize ans chez SpaceX. Pour ce dernier, les lanceurs réutilisables ont certes été la grande avancée de la dernière décennie, mais l’impression 3D reste la technologie d’avenir.

Dès son arrivée, Giger fait mûrir la fusée Terran 1 de la société et supervise les tests de son moteur baptisé Aeon 1. Il redimensionne le lanceur de manière à pouvoir fournir davantage de charges utiles en orbite basse, élargissant le diamètre du carénage à trois mètres et sa hauteur à sept mètres. Ce n’est pas très impressionnant comparé à d’autres lanceurs, mais c’est largement suffisant. Un carénage plus grand aurait en effet nécessité un moteur plus puissant.

Des installations de choix

Il y a quelques mois, Relativity Space s’est également « arrangée » avec la NASA pour disposer de plusieurs centres de production au Stennis Space Center de l’agence américaine (Mississippi). À ce moment précis, les deux ingénieurs sont encore dans la vingtaine et leur société n’a pas encore cinq ans. Comprenez : énorme confiance de la NASA, et par extension  du gouvernement américain, qui n’est évidemment pas dupe.

Les ingénieurs se rendent en effet bien compte que s’ils parviennent à imprimer quelque chose d’aussi complexe qu’une fusée, alors la technique pourrait être largement appliquée à d’autres industries, ce qui serait une véritable aubaine pour l’économie américaine.

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Relativity Space teste un composant de son moteur Aeon en décembre sur le banc d’essai E-2 du Stennis Space Center dans le Mississippi. Crédits : Relativity Space

Un premier lancement cette année

Pour l’instant, tout laisse à penser qu’il s’agit d’une vraie Success Story. Un rapport CNBC de novembre évaluait d’ailleurs la valeur marchande de Relativity (qui vient de lever 500 nouveaux millions de dollars) à 2,3 milliards de dollars, parmi les plus élevées de l’industrie spatiale privée. À titre de comparaison, le leader, SpaceX, valait environ 44 milliards de dollars l’année dernière.

Toutefois, les questions les plus difficiles restent encore à résoudre. Une fusée imprimée en 3D peut-elle vraiment voler ? Son moteur peut-il fonctionner ? Les réservoirs, la plomberie et les neuf moteurs peuvent-ils être assemblés en un premier étage complet ? On ne le saura pas tant que la fusée Terran 1 ne sera pas envoyée dans l’espace. Cela tombe bien : Relativity prévoit un lancement cet automne.