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Le plan de rejet des eaux contaminées de Fukushima en cours d’examen

Il y a quelques mois, le Japon confirmait son intention de rejeter progressivement dans l’océan des tonnes d’eaux traitées de la centrale nucléaire de Fukushima, et ce, malgré l’opposition des pêcheurs et autres associations environnementales. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), un groupe de travail relevant de l’ONU, examine ce plan depuis quelques jours dans le but de comprendre tous les enjeux.

Il y a près de onze ans, un tremblement de terre de magnitude 9 déclenchait un tsunami dévastateur en direction de la côte est du Japon. Des vagues hautes de quinze mètres s’écrasèrent ensuite sur les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, désactivant l’alimentation électrique de trois cœurs de réacteur. Privés de refroidisseurs, ces trois cœurs entrèrent finalement en fusion en quelques jours, libérant des radiations dans l’atmosphère.

Encore aujourd’hui, le nettoyage du site est loin d’être terminé. Pour empêcher les trois noyaux de réacteur endommagés de fondre, de l’eau de refroidissement y est toujours pompée en continu. Cette eau passe ensuite à travers un système de filtration capable d’éliminer toutes les matières radioactives à l’exception du tritium qui, selon les experts, n’est pas nocif pour l’Homme à petites doses.

Il y a trois ans, on apprenait que la centrale n’aurait bientôt plus assez d’espace pour stocker son eau irradiée. Il y a désormais plus de 1,5 million de tonnes d’eaux usées stockées dans plusieurs milliers de réservoirs sur le site, et l’eau continue de s’accumuler.

Un rejet progressif dans le Pacifique

Dès lors, la société Tokyo Electric Power Co (ou Tepco) avaient évoqué la possibilité de la rejeter dans l’océan Pacifique afin qu’elle puisse finalement se diluer, présentant cette option comme la plus « réaliste ». En avril 2021, l’idée, qui avait suscité des protestations en raison de préoccupations environnementales et touristiques, a été finalement validée par les autorités locales. Selon elles, les premières opérations pourraient débuter en 2023 et se dérouler sur plusieurs décennies.

De leur côté, le Département d’État américain, l’Agence internationale de l’énergie atomique et d’autres experts avaient salué cette annonce, considérant cette option comme la « moins mauvaise ».

« L’optique est terrible, mais le gouvernement japonais fait en fait ce qu’il faut en rejetant les eaux usées traitées de l’usine de Fukushima dans l’océan« , soulignait l’année dernière Nigel Marks, professeur agrégé de physique et d’astronomie à l’Université Curtin. « En diluant le mélange tritium/eau avec de l’eau de mer ordinaire, le niveau de radioactivité peut être réduit à des niveaux sûrs comparables à ceux associés au rayonnement des roches granitiques, de l’eau de forage, de l’imagerie médicale, des voyages en avion et de certains types d’aliments. »

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La centrale nucléaire de Fukushima avant le tsunami dévastateur de 2011. Crédits : IAEA Imagebank / Flickr

Un plan en cours d’examen

Cependant, rien n’a encore été officiellement validé. En ce sens, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), un groupe de travail nucléaire international relevant de l’ONU, est à Fukushima depuis une semaine pour examiner ces plans de rejet dans le Pacifique.

Il y a quelques jours, la directrice générale adjointe de l’AIEA, Lydie Evrard, a déclaré que le groupe de travail avait « fait des progrès significatifs dans ses travaux cette semaine pour mieux comprendre les plans opérationnels et réglementaires du Japon pour le rejet de l’eau traitée« . L’AIEA a également promis « d’écouter très attentivement les préoccupations des populations locales« .

Pour l’heure, l’AIEA a collecté des échantillons d’eau et rassemblé des informations techniques concernant le plan d’évacuation. Les résultats seront publiés fin avril en tant que le premier de plusieurs rapports d’un examen pluriannuel.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.