Les jaguars qui parcouraient jadis les montagnes du sud-ouest des États-Unis devraient-ils à nouveau parcourir les terres américaines ? Une équipe de chercheurs le pense.
Les jaguars sont la plus grande espèce de félins des Amériques. L’espèce (Panthera onca) parcourait autrefois les chaînes de montagnes centrales de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, avant que leurs populations ne soient décimées dans les années 60 à cause de la chasse. Il arrive parfois que certains spécimens soient aperçus ici et là dans le pays; le plus souvent des mâles se dispersant au nord d’une population établie (mais menacée) à Sonora, au Mexique.
En dehors de ces quelques apparitions, le reste des populations se concentre toutefois désormais en Amérique centrale et du Sud. Mais là encore, les jaguars ne sont pas à l’abri. Dans ces régions, on estime en effet que ces animaux ont perdu environ la moitié de leur aire de répartition historique au cours de ces dernières décennies en grande partie à cause de la chasse et/ou de la perte d’habitat.
Un retour sur le sol américain ?
Au regard de cette situation, des biologistes de la Wildlife Conservation Society et de Defenders of Wildlife plaident pour la réintroduction de ces prédateurs dans les régions montagneuses du sud-ouest des États-Unis.
« La faune indigène du sud-ouest a évolué avec les jaguars« , souligne Michael Robinson, du Center for Biological Diversity. « Ils ont une place historique et vitale dans nos canyons et nos forêts. C’est pourquoi nous devrions planifier un programme de réintroduction intelligent et humain« .
D’après les auteurs, qui publient leurs travaux dans la revue Conservation Science and Practice, le fait de ramener le jaguar sur le sol américain ne redressera pas seulement un tort. Ce retour pourrait également apporter des avantages économiques. Michael Robinson évoque notamment les recettes liées à l’écotourisme qui pourrait également favoriser la création de nouveaux emplois dans la région.

D’après une étude récente, une zone très peu peuplée s’étendant sur environ 82 000 kilomètres carrés du centre de l’Arizona jusqu’au centre du Nouveau-Mexique offre des conditions écologiques appropriées permettant d’accueillir entre 90 et 150 jaguars. Les terres seraient gérées par le US Forest Service, le Bureau of Land Management et le National Park Service.
Naturellement, il est toujours difficile de prédire comment la restauration d’un prédateur apex pourrait influencer le paysage écologique au sens large. De même, tout le monde ne sera pas d’accord avec cette idée, à commencer par les éleveurs de bétail. Néanmoins, ces chercheurs affirment qu’une telle réintroduction vaut certainement le coup.