Règne animal : La misogynie inversée chez les suricates !

Credit: Wikipedia

Chez ce petit mammifère de la famille des mangoustes, la femelle fait la loi ! En effet, ces dernières auraient deux fois plus de testostérone que les mâles et instaureraient une véritable dictature au sein de leur groupe.

Concernant l’être humain, les sociétés gérées par des femmes existent et ne sont pas si rares, mais une société dans laquelle les femmes ont plus d’hormones stéroïdiennes que les hommes, cela n’existe absolument pas. Il faut lorgner du coté du règne animal pour trouver ce genre de configuration.

Un tel phénomène a été observé chez le Suricata suricatta, surnommé « sentielle du désert », un animal vivant en milieu désertique localisé principalement dans le sud-ouest de l’Afrique et dans le désert australien. Cette particularité a été observée et étudiée par une immunologiste de l’Université Duke (États-Unis), Kendra Smyth. Les résultats ont été publiés dans la revue Biology Letters le 18 octobre 2016.

Accompagnée de son équipe de chercheurs, l’intéressée a mené une étude dans la réserve Kuruman entre 2013 et 2014 en Afrique du Sud. Il s’agissait de mesurer les hormones sexuelles des femelles suricates chez qui un comportement tyrannique avait été observé. Les tests ont prouvé que les femelles avaient deux fois plus de testostérone que les mâles.

Les femelles suricate, au sommet de la hiérarchie, sont très agressives puisqu’elles sont par exemple capables d’attaquer leurs compatriotes pour leur voler de la nourriture. Mais ceci va beaucoup plus loin, car ces dernières agissent en régulateur de la reproduction d’une manière très dictatoriale. En effet, les femelles suricates peuvent exiler les autres femelles enceintes ou encore tuer leur progéniture. Ainsi, ces dernières doivent prendre soin des petits de la femelle dominante plutôt que des leurs.

Ces descriptions de comportement ont été possibles par le biais de l’étude de 12 clans de suricates, composés au total de 37 femelles matures sexuellement : 11 dominantes et 25 subordonnées ainsi qu’une dernière qui se place entre ces deux statuts. Il a été également prouvé que l’agressivité exacerbée des femelles dominantes occasionnerait une déficience au niveau de leur santé, pouvant mettre en péril leur groupe.

Les chercheurs ont comparé les taux de présence d’œufs de parasites dans l’urine des femelles suricates en fonction de leur taux de testostérone. L’analyse portait sur six familles de parasites nématodes qui sont de petits vers ronds capables de coloniser principalement les tissus musculaires.

« Il se pourrait que les hormones affaiblissent le système immunitaire, rendant plus compliquée la lutte contre les parasites » indique Kendra Smyth dans des propos recueillis par Sciences et Avenir.

La spécialiste a démontré qu’une seule des femelles subordonnées (sur 25) avaient été infectée, contre deux chez les dominantes (sur 11). Le taux d’infection le plus important penche donc du coté des dominantes.

Si le phénomène comporte l’avantage de la survie assurée des petits des femelles suricates, un niveau élevé de testostérone peut néanmoins occasionner une infertilité et le comportement maternel pourrait s’en trouver modifié. De plus, les dominantes infectées, de par leur position dans le groupe, exposent les autres femelles aux parasites et donc aux infections. On ignore néanmoins les conséquences d’un tel parasitage et l’immunologiste américaine conclut :

« L’explication finale de la capacité des femelles dominantes à maintenir leur fitness (succès reproducteur et valeur adaptative) malgré les parasites pourrait être attribuée à l’assistance des subordonnées. Dans cette coopération obligatoire, les subordonnées réduisent les coûts énergétiques pour la femelle dominante à travers leurs contributions en termes de babysitting, allaitement et la protection, libérant ainsi la femelle dominante de toute recherche de nourriture. En absence d’une telle aide, la femelle dominante pourrait être incapable de répondre à ces demandes de reproduction/maintien de la dominance tandis qu’elle doit en parallèle garder les infections parasitaires sous contrôle. »

Ces résultats font suite à une seconde étude publiée antérieurement, le 28 septembre 2016 dans la revue Nature. Celle-ci stipulait que les suricates sont l’espèce de mammifères la plus meurtrière, et ce parmi 1000 espèces étudiées.

Sources : Sciences et Avenir – 20minutes