Le jeûne intermittent, une méthode alimentaire de plus en plus populaire, suscite un débat scientifique quant à son efficacité réelle concernant la perte de poids. Alors que de nombreux partisans vantent ses bienfaits supposés pour la santé, une nouvelle étude remet en question certaines des hypothèses couramment avancées sur ses mécanismes sous-jacents.
Jeûne intermittent et perte de poids
Le jeûne intermittent est devenu une méthode populaire pour perdre du poids. Il est basé sur l’idée que limiter la période pendant laquelle une personne peut manger peut conduire à une réduction globale de l’apport calorique, ce qui pourrait favoriser la perte de poids. Cependant, une étude récente dirigée par Nisa Marisa Maruthur de l’Université Johns Hopkins a remis en question cette hypothèse.
Dans cette recherche, 41 participants ont été répartis en deux groupes : ceux suivant un régime à durée limitée où ils ne mangeaient que dans une fenêtre de dix heures et ceux suivant un régime alimentaire habituel sans restriction de temps. Pendant une période de douze semaines, les participants ont été surveillés pour évaluer l’effet du jeûne intermittent sur leur perte de poids.
Les résultats ont été surprenants : les deux groupes ont perdu à peu près la même quantité de poids, soit une moyenne d’environ 2,4 kg, sans différence statistiquement significative entre eux. Ce constat remet ainsi en question l’idée selon laquelle le jeûne intermittent offre des avantages en matière de perte de poids par rapport à un régime alimentaire conventionnel sans restriction de temps.
En réalité, la clé de la perte de poids résiderait simplement dans la réduction globale de l’apport calorique, quel que soit le moment où les calories sont consommées.
Cependant, bien que cette étude fournisse des informations précieuses, elle présente également certaines limites. La plupart des participants étaient des femmes noires souffrant d’obésité et de pré-diabète ou de diabète contrôlé par un régime alimentaire, ce qui limite la généralisabilité des résultats. De plus, la période de suivi de douze semaines pourrait ne pas être suffisante pour détecter d’éventuels effets à long terme du jeûne intermittent sur la perte de poids.
Quels effets sur la santé ?
En ce qui concerne les bienfaits sur la santé, des recherches antérieures ont suggéré que le jeûne intermittent pouvait améliorer la sensibilité à l’insuline, la régulation du glucose sanguin ou encore la réduction de l’inflammation. Néanmoins, il existe des préoccupations concernant ses effets sur la santé mentale et émotionnelle, ainsi que sur la relation avec les troubles alimentaires.
Plus récemment, une étude présentée lors des sessions scientifiques EPI Lifestyle 2024 de l’American Heart Association (AHA) avait également révélé une corrélation entre le jeûne de huit heures et un risque accru de décès liés à des causes cardiovasculaires.
Cependant, là encore, les chercheurs avaient souligné la nécessité de faire preuve de prudence quant à l’interprétation de ces résultats en raison de certaines limitations. Par exemple, les données diététiques étaient basées sur l’auto-évaluation, ce qui peut entraîner des erreurs de mémoire. De plus, l’étude n’avait pas pris en compte la qualité nutritionnelle de l’alimentation des participants ni les raisons pour lesquelles ils pratiquaient le jeûne intermittent, ce qui peut influencer les résultats.
En fin de compte, il sera essentiel de mener d’autres études plus rigoureuses pour évaluer les véritables avantages et inconvénients de cette pratique.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Annals of Internal Medicine.
