La reconstruction faciale d’une femme ayant vécu il y a 31 000 ans

crâne Mladeč 1 reconstitution femme âge de pierre
Crédits : Cicero Moraes/Jiri Sindelar/Karel Drbal

Il y a plus de 140 ans, des archéologues déterraient un crâne humain dans une grotte de République tchèque. À l’époque, l’équipe avait daté le crâne à environ 31 000 ans et classé l’individu comme un homme. En réalité, il s’agissait d’une jeune femme. Récemment, des chercheurs ont tenté de reconstruire son visage.

En 1881, l’archéologue austro-hongrois Josef Szombathy (1853-1943) a découvert un crâne dans la grotte principale d’un site archéologique situé près de la ville de Mladeč, en République tchèque. Au départ, on pensait que le crâne était celui d’un homme adulte. Des études ultérieures, comparant les caractéristiques de ce crâne avec d’autres fossiles trouvés sur le même site, ont révélé qu’il s’agissait en réalité d’une femme décédée vers l’âge de 17 ans il y a 31 000 ans. Il s’agit de l’un des plus anciens Homo sapiens jamais identifiés trouvés en Europe.

Deux reconstructions faciales médico-légales avaient été réalisées au début et à la fin des années 1930. Seulement, à l’époque, on croyait encore que le crâne appartenait à un homme. Plus récemment, le Musée d’histoire naturelle de Vienne a mis à disposition une version interactive et en ligne de ce crâne sous une licence Creative Commons. Ce modèle a alors inspiré la création d’une nouvelle reconstitution faciale.

Combler les lacunes

Malheureusement, la mâchoire inférieure de ce crâne manque. Pour tenter de combler les lacunes, les chercheurs ont utilisé plusieurs centaines de tomodensitogrammes d’humains modernes appartenant à différents groupes de populations afin de recueillir les données existantes sur les mâchoires humaines modernes. Les pièces du crâne étant désormais au complet, ils ont ensuite utilisé des marqueurs pour estimer l’épaisseur des tissus mous qui le recouvraient autrefois.

Bien que ces marqueurs proviennent de données statistiques extraites d’individus vivants, ils ne couvrent pas tout le visage et ne fournissent aucune information sur la taille du nez, de la bouche et des yeux par exemple. Pour aider à compléter les données, les chercheurs ont importé des tomodensitogrammes de sujets vivants et ont déformé les os et les tissus mous du tomodensitogramme pour correspondre au visage de cette femme du paléolithique.

Ces travaux ont finalement permis de créer deux approximations numériques de ce à quoi cette femme aurait pu ressembler. L’une est plus scientifique et simple, présentée en niveaux de gris avec les yeux fermés et sans cheveux, tandis que l’autre, plus subjective, propose un visage coloré avec cheveux et yeux ouverts.

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Crédits : Cicero Moraes/Jiri Sindelar/Karel Drbal

Ce n’est évidemment pas la première reconstruction faciale du genre. Il y a quelques mois, le médecin légiste et artiste suédois Oscar Nilsson avait notamment collaboré avec des archéologues pour effectuer la reconstruction faciale d’une femme de l’âge de pierre ayant vécu il y a 4 000 ans. Cette même équipe avait auparavant également reconstruit le visage d’un homme né il y a 8 000 ans.