Dépolluer l’Atlantique du plastique : où en est la mission du Kraken ?

Le Kraken - Crédits : Wings of the Ocean
Le Kraken - Crédits : Wings of the Ocean

Le Kraken est un navire magnifique de 43 mètres de long avec de grandes voiles qui nous rappellent les bateaux de pirates. Sauf que là, ce sont de gentils pirates qui veulent seulement sauver les cours d’eau et les océans de la pollution plastique.

Pourquoi faut-il sauver le Kraken ?

Le navire a pris le nom du monstre des Mers rendu célèbre par les films “Pirates des Caraïbes”, sur le choix des fondateurs de l’association Wings of the Ocean (“Les ailes de l’océan”), Julien Wosnitza et Sébastien Fau.

Julien a été banquier pendant quelques temps et gagnait bien sa vie quand il a décidé de tout lâcher pour se lancer dans l’aventure avec Sea Shepherd, où il a rencontré Sébastien, qui était capitaine de marine marchande. Les deux ont un projet fou : dépolluer les océans du plastique avec l’aide des voiles et du vent, dans la mesure du possible bien entendu. C’est de là qu’est née l’ONG Wings of the Ocean.

Quand on sait qu’il y aura probablement plus de plastique que de poissons dans nos océans en 2050, ou, selon les estimations, qu’il n’y aura peut-être plus de poissons d’ici là, il est sans nul doute d’extrême nécessité de dépolluer nos mers et nos océans sans attendre.

Ces inquiétudes des scientifiques devraient peut-être servir de base à une politique mondiale de subventions d’opérations de dépollution et de protection des rivières et des fleuves en montagne comme en plaine.

Plusieurs causes relèvent de l’urgence aujourd’hui et ce sont souvent les associations qui emboîtent le pas aux gouvernements. Action contre la Faim, Les Restos du Coeur, le Téléthon, SOS Méditerranée, Solidarités Nouvelles pour le Logement, Amnesty International, Sea Shepherd, Wings of the Ocean, la liste est longue…

Le Kraken - Crédits : Wings of the Ocean
Le Kraken – Crédits : Wings of the Ocean

Aider l’association en consommant moins de produits en plastique et en triant mieux nos déchets

Le Kraken a besoin de 500 000€ par an pour pouvoir assurer ses missions, l’entretien du navire, la nourriture à bord, l’assurance, le plein d’essence et payer les 12 membres d’équipage à temps plein.

D’après le site planetoscope.fr, il y avait en 2014, 4,6 millions de navires de pêche dans le monde selon le rapport Navia. Si un tiers de ces navires de pêche, les plus gros, participaient financièrement à hauteur de 1€ par bateau, cela rapporterait 1,53 million d’euros par an. Soit assez pour financer trois navires de dépollution et nettoyer trois océans.

En tant que consommateur ou simple citoyen, il est possible de boycotter certains types de poissons par exemple, ou d’envoyer une pétition aux armateurs les plus importants pour leur demander de payer cette somme dérisoire et de la verser à l’association Wings of the Ocean ou à d’autres.

Si certains souhaitent participer au projet de dépollution, plusieurs autres options sont possibles :

  • Monter à bord du Kraken pendant 7 jours ou plus (séjour payant mais déductible à 66% du montant des impôts), aider à dépolluer, visiter les ports d’attache, participer aux études scientifiques.
  • Proposer une étude scientifique et la gérer le temps nécessaire (séjour gratuit).
  • Financer une étude scientifique ou une mission de dépollution (université, entreprise, association, organisation publique…)
  • Faire un don libre sur le site de l’association ou sur Ulule : plus que 17 jours sur Ulule !
  • Devenir sponsor, partenaire ou mécène (contacter Julien).
  • Utiliser le moteur de recherche solidaire LILO et donner vos gouttes d’eau à l’association, ou partagez-les avec d’autres.
wings of the ocean  pollution plastique
Crédits : Wings of the Ocean

Où en est le Kraken dans sa lutte contre la pollution plastique ?

Le départ du Kraken était prévu en octobre 2018 mais il est parti en janvier 2019 après 4 mois de travaux, de septembre à décembre. 350 000€ ont été insufflés dans ces travaux pour pouvoir partir avec un navire sûr.

Parti de La Corogne à Lisbonne début février 2019, il se dirigera ensuite vers les Canaries puis aux Açores, où il devrait rencontrer des déchets de plastique à ramasser. 150 kilos de déchets plastiques ont été extraits des eaux et des plages sur leur passage.

Le Kraken est équipé d’un système de récupération des déchets flottants fabriqué avec des boudins, qui fonctionne lorsqu’il navigue à faible vitesse.

Wings of the Ocean compte déjà plusieurs partenaires de renom comme Unilever, Picture, Gooded ou Lamazuna, mais aussi AstroLabe Expeditions, eux-mêmes en partenariat avec le CNRS. L’objectif est de mener des études scientifiques pour comprendre l’interaction entre le plastique et le plancton.

Aujourd’hui, l’association est toujours à la recherche d’océanographes ou de biologistes marins qui souhaiteraient partir en mission gratuitement, “ils sont logés, nourris et blanchis, le bateau est même équipé d’un laboratoire complet !”, nous a confié Julien Wosnitza.

Julien Wosnitza : l’interview

Julien Wosnitza
Julien Wosnitza

Après avoir félicité Julien pour son projet nécessaire et posé quelques questions en off, voici les éléments de son interview réalisée le 8 février 2019.

C.M : Quels sont les types de déchets que vous retrouvez le plus souvent ?

J.W : Du plastique sous toutes ses formes : des bouteilles, des sacs, des flacons, mais aussi assez régulièrement, des filets de pêche fantômes et dérivants.

C.M : Quelle est la distance moyenne parcourue en une mission ?

J.W : Entre La Corogne et Lisbonne, il y a environ 300 miles nautiques.

C.M : Comment parvenez-vous à gérer l’association sur le plan financier ?

J.W : Côté finances, la situation n’est pas facile. Nous avons eu besoin de réaliser des travaux sur le Kraken cet hiver qui nous ont coûté 350 000€, mais le choix d’avoir des voiles et un moteur est important. Il faut pouvoir naviguer à la voile dès que le vent le permet afin de limiter l’impact environnemental et financier des missions, mais il faut aussi pouvoir naviguer dans des conditions normales et sûres.

Cela fait 18 mois que je n’ai pas pu prendre de salaire, depuis le début de la création de l’association. Je dois rester à Paris pour pouvoir rencontrer des sponsors et des partenaires potentiels, sans lesquels le projet peut avoir du mal à aboutir. Le problème, c’est de réussir à les trouver.

C.M : Est-ce que vous avez des regrets parfois au vu des difficultés et de votre salaire d’avant ?

J.W : Je m’en fiche de mon salaire d’avant. Ce serait dur de le refaire car c’est quand même une grosse galère, je travaille 100 heures par semaine, ce ne sont pas des vacances, mais la cause en vaut la peine, et on est très motivés. C’est motivant de recevoir des messages de soutien de particuliers, des médias, d’entreprises, d’acteurs comme Marion Cotillard qui est marraine de notre association. Quand on est sur le bateau, en groupe avec d’autres personnes qui se sentent impliquées aussi et qui en ont envie, ça vaut le coup !

 

Planète : 16 chiffres chocs

En une infographie, on a tenté de résumer les chiffres principaux issus du livre de Julien Wosnitza, « Pourquoi tout va s’effondrer » (mai 2018), qui s’est lui-même appuyé sur des rapports du GIEC. Le site planetoscope.com est à l’origine des 3 derniers chiffres de cette infographie.

Planète 16 Chiffres chocs
CCO – Encelade Media Group

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