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Un réchauffement stratosphérique majeur est attendu d’ici mi-février

Crédits : earth.nullschool.net

Le tourbillon dépressionnaire qui règne habituellement en maître dans la stratosphère hivernale va se faire détruire de l’intérieur d’ici le milieu du mois. C’est en effet un réchauffement stratosphérique majeur qui est prévu. Le vortex cyclonique va ainsi laisser la place à une circulation anticyclonique et à des températures beaucoup plus chaudes. Les conséquences de ce phénomène sur la circulation en troposphère, la couche d’atmosphère qui nous concerne plus directement, semblent déjà apparaitre dans les modélisations à long terme. 

Pour une brève introduction aux notions exposées dans cet article, voir : https://monsieurmeteo.fr/actualite/le-vortex-polaire-ce-geant-stratospherique-51320

Pour rappel : la stratosphère est une des composantes du système climatique capable de conditionner, dans certaines proportions, la circulation des vents à grande échelle dans la troposphère. La prévision de l’état du vortex polaire stratosphérique est donc une des clés permettant de dégager des tendances sur les régimes de temps attendus à échéance de plusieurs semaines.

Après plusieurs tentatives qui en sont restées à des évènements mineurs, un important réchauffement stratosphérique (SSW) est prévu culminer durant la seconde décade de ce mois de février. Le vortex polaire, cet énorme tourbillon dépressionnaire et glacial situé dans la stratosphère, va être scindé en deux. Les deux morceaux devraient ensuite perdre en surface avant de disparaitre presque entièrement. Ce genre d’évènement porte le nom de « splitting event » ou « évènement de scission », dont on comprend bien l’origine. C’est un type particulier de réchauffement stratosphérique, souvent le plus violent et le plus rapide.

Animation de la dernière prévision du modèle GFS pour la température à 10 hpa (en stratosphère). Le réchauffement type "scission" est plus qu'évident. Source : www.meteociel.fr

Animation de la dernière prévision du modèle GFS pour la température à 10 hpa (en stratosphère). Le réchauffement type « scission » est plus qu’évident. Source : www.meteociel.fr

Les vents d’ouest cycloniques qui règnent en temps normal dans la stratosphère vont rapidement s’affaiblir et laisser une place grandissante à des vents d’est, anticycloniques. Cette inversion des vents dits zonaux (suivant un cercle de latitude) est une des définitions d’un SSW majeur. Elle est accompagnée d’une augmentation faramineuse de la température en stratosphère, de l’ordre d’une cinquantaine de degrés ou plus en quelques jours. Pour donner un ordre d’idées, habituellement la température dans le vortex polaire tourne autour de -70 à -80°C. La prévision des modèles pour les prochains jours atteint les -30 °C à -10 °C et, localement, approche le 0°C.

Prévision de la force et du signe des vents zonaux en stratosphère. L'historique en bleu foncé, la prévision en vert, violet, noir et bleu clair suivant les modèles. On voit l'inversion rapide prévue, marquant un SSW majeur. Source : weatheriscool.com

Prévision de la force et du signe des vents zonaux en stratosphère. L’historique en bleu foncé, la prévision en vert, violet, noir et bleu clair suivant les modèles. On voit l’inversion rapide prévue, marquant un SSW majeur. Source : weatheriscool.com

Cet évènement majeur devrait se propager vers la basse stratosphère puis dans la troposphère (la couche où l’essentiel des phénomènes météo se produit) entre la seconde et la dernière décade de février, voire début mars. Habituellement, cette mécanique est suivie d’une circulation anormalement anticyclonique s’étendant vers les régions polaires et permettant aux masses d’air froid dépressionnaire de s’infiltrer vers les moyennes latitudes. Ce schéma est bien plus incertain pour des coins comme l’Europe de l’ouest qui sont situés à un carrefour d’influences. Les effets potentiels à notre échelle sont donc encore très flous alors que les projections à long terme d’échelle hémisphérique voient déjà une réaction de la circulation (schéma d’oscillation arctique négative, caractérisée par une anomalie anticyclonique au pôle et dépressionnaire aux latitudes plus basses).

En tout cas, l’écoulement atmosphérique devrait rester très perturbé ce qui augmente la probabilité d’évènements extrêmes (pluie/neige abondantes, vague de froid…) un peu partout sur l’hémisphère nord extratropical.

Prévision de l'oscillation arctique. Une chute brutale est envisagée à partir de la mi-février prenant forme surtout en dernière décade. A prendre toutefois à titre indicatif. Source : NOAA.

Prévision de l’oscillation arctique. Une chute brutale est envisagée à partir de la mi-février prenant forme surtout en dernière décade. A prendre toutefois à titre indicatif. Source : NOAA.

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Rédigé par Raphaël Rezvanpour