Selon une récente étude, le changement climatique aggravé par les activités humaines pourrait causer un réchauffement jamais observé au niveau des lacs à l’échelle mondiale d’ici la fin de ce siècle. Toutefois, tous les lacs ne seront pas égaux face à ce réchauffement.
Des « conditions sans analogie »
Lorsque nous évoquons le réchauffement climatique, nous parlons très souvent des océans. Toutefois, les lacs sont également très concernés par le phénomène, comme en témoigne une nouvelle étude parue dans la revue Nature Geoscience le 12 juillet 2024. Ces recherches menées par des chercheurs britanniques, chinois, sud-coréens et japonais sont basées sur un modèle climatique de pointe relatif à la période 1850-2100, le Community Earth System Model. Selon les auteurs, le modèle en question est le seul de ce genre à associer la dynamique et la thermodynamique des systèmes lacustres de manière intégrée avec l’atmosphère.
Il faut savoir que les chercheurs n’ont pas exécuté le modèle une seule fois vers le futur. En effet, ils ont réalisé pas moins d’une centaine de simulations du passé vers le futur à l’aide d’Aleph, un des ordinateurs les plus puissants de Corée du Sud qui appartient à l’Institute for Basic Science de Busan. Or, chaque simulation a généré un résultat légèrement différent au niveau de la variabilité naturelle du climat, tout en considérant les effets du changement climatique favorisés par les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Grâce à cette approche, les scientifiques ont réussi à séparer les variations naturelles de la température des lacs de celles résultant des activités humaines. Ainsi, les auteurs ont pour la toute première fois été en mesure d’estimer le moment où les températures des lacs dépasseront les températures naturelles de manière permanente. Cette situation porte un nom : les « conditions sans analogie ».
Premières victimes : les lacs en zone tropicale
Selon les résultats de l’étude, les lacs du monde devront faire face à des climats sans analogie d’ici 2100. Cependant, ces recherches révèlent également que la temporalité devrait varier d’une région à une autre. Les simulations ont permis de comprendre que les premiers lacs à connaître cette situation inédite seront ceux se situant en zone tropicale (riches en biodiversité) lorsque le réchauffement climatique atteindra les +2,4°C par rapport à l’époque préindustrielle.
Par ailleurs, il est également important de comprendre comment le réchauffement pénètrera les lacs. Les chercheurs ont révélé que les lacs tropicaux seront concernés en premier par une transmission rapide vers les profondeurs des marqueurs de réchauffement en faveur de mélanges des eaux fréquents.
Toutefois, l’absence ou la quasi-absence de mélange entre les eaux de surfaces et celles des profondeurs qui caractérise les lacs se trouvant à de plus hautes latitudes permettrait de protéger ces mêmes lacs des climats sans analogie, du moins pendant un certain temps. En effet, le phénomène atteindra à terme l’intégralité des lacs du monde si aucune mesure n’est prise d’ici la fin du siècle.