Réchauffement global : les pauses ou « hiatus » sont plus probables dans un climat très sensible au CO2

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Crédits : eoimages.gsfc.nasa.gov.

Des chercheurs ont montré que les périodes de pause – aussi appelées hiatus – dans le réchauffement planétaire sont plus probables dans un climat très sensible à l’augmentation du CO2 atmosphérique. Une conclusion contre-intuitive en apparence seulement. Car si les périodes de hiatus sont plus fréquentes, celles d’hyper-réchauffement – l’excès inverse – le sont aussi. Ces dernières tendant à compenser largement les premières.

L’élévation de la température moyenne à la surface du globe n’est pas linéaire. En effet, de nombreuses fluctuations viennent se superposer à la tendance de fond au réchauffement. De ce fait, l’anomalie thermique globale peut repartir à la baisse pendant quelques années – voire stagner sur une période pouvant dépasser la décennie. À l’inverse, à d’autres moments, la hausse peut s’accélérer notablement sur des échelles temporelles similaires.

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Réchauffement global observé depuis 1880 selon 6 jeux de données différents.

Sensibilité climatique, hiatus et hyper-réchauffements

Ces irrégularités sont la source de nombreux articles et discussions. Aussi bien dans les grands médias que dans la communauté scientifique. Elles ont même donné lieu à un débat chahuté à propos d’un éventuel ralentissement du réchauffement entre 2000 et 2012 – le fameux hiatus. D’aucuns avançaient alors que la sensibilité du climat à l’augmentation des gaz à effet de serre (GES) devait être notablement plus faible que ce que l’on pensait.

Toutefois, de nouveaux résultats montrent que ce raisonnement ne tient pas. En analysant l’évolution de la température globale de surface dans un ensemble de modèles, des chercheurs ont trouvé que les périodes de hiatus étaient 2 fois plus fréquentes dans les modèles à forte sensibilité climatique.

Probabilité d’observer une période de refroidissement (ordonnée) en fonction de la sensibilité des modèles utilisés (abscisse). Crédits : Femke J. M. M. Nijsse & al. 2019.

Par ailleurs, les décennies marquées par un hyper-réchauffement – défini comme une hausse décennale > 0,7 °C – apparaissaient 8 % du temps dans les modèles à forte sensibilité. Et seulement très rarement dans ceux à faible sensibilité. Ainsi l’adaptation des écosystèmes et des sociétés au changement climatique serait compliquée par une hausse de la variance. Un peu comme si l’on empruntait une route plus accidentée.

À climat plus sensible, réchauffement plus irrégulier

Dit autrement, plus le climat est sensible à un doublement du taux de CO2 dans l’air – i.e. plus le réchauffement à l’équilibre sera important -, plus l’irrégularité de la hausse le sera aussi. Ce comportement est caractéristique d’un système dynamique plus susceptible, plus réactif aux stimulus. Cela concerne les forçages anthropiques et naturels, mais aussi la variabilité naturelle interne qui s’y superpose – dont les épisodes El nino et La nina.

« Des perturbations aléatoires rapides (…), peuvent faire évoluer la tendance climatique vers le chaud ou vers le froid. Pour les systèmes plus sensibles, ces excursions sont à la fois plus grandes et plus longues » peut-on lire dans le papier. « De façon contre-intuitive, cela suggère que le ralentissement du réchauffement de la planète de 2002 à 2012 était plus probable dans un monde où la sensibilité climatique est élevée ».

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