Si les denrées alimentaires voient actuellement leur prix augmenter en raison de l’inflation, l’avenir devrait suivre un chemin similaire. Selon une étude récente, la hausse du coût de l’alimentation se poursuivra en raison des effets du réchauffement climatique et pourrait menacer la sécurité alimentaire mondiale.
Des prévisions sur la période 2035-2060 pour les prix de l’alimentation
Si l’augmentation de la population et l’agrandissement des villes mettent en péril la sécurité alimentaire mondiale, un autre phénomène pourrait aussi fortement y contribuer : le réchauffement climatique. Une étude pilotée par l’Université de Potsdam (Allemagne) et publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment le 21 mars 2024 a élaboré plusieurs scénarios. Dans le meilleur cas, la hausse des températures d’ici à 2035 conduira vers une augmentation moyenne des prix de l’alimentation de 1,49 %. Citons également le pire des scénarios dans lequel l’augmentation moyenne atteindra les 1,79 %. On observera un effet sur l’inflation globale de +0,76 au minimum et +0,91 % au maximum.
Dans le cadre de leurs recherches, les auteurs ont comparé des données concernant les prix de l’alimentation et les conditions climatiques dans 121 pays sur la période 1991-2020. Pour les chercheurs, ces analyses apportent des preuves solides que des températures plus élevées, en particulier en été et dans des régions chaudes, provoquent des augmentations de prix dans l’alimentation.
Les scientifiques ont ensuite extrapolé les données en incluant les prévisions actuelles en matière de conditions climatiques sur la période 2035-2060. Les résultats laissent penser que les conditions climatiques futures pourraient entraîner des augmentations de l’inflation alimentaire et de l’inflation globale dans le monde entier. Par ailleurs, le phénomène devrait impacter plus fortement les régions déjà chaudes, c’est-à-dire situées principalement dans l’hémisphère Sud. Parmi les zones les plus en danger, nous retrouvons sans surprise l’Afrique et l’Amérique du Sud.
Une relation incomplète
Si le secteur agricole est l’un des plus exposés aux conséquences du changement climatique, les auteurs de l’étude n’ont pas trouvé beaucoup de liens avec les autres aspects relatifs aux dépenses des ménages. Seules les dépenses concernant l’énergie entrent dans ce cadre. Les scientifiques ont également travaillé sur l’impact de la vague de chaleur qui a frappé l’Europe durant l’été 2022. Or, cet épisode climatique aurait fait grimper l’inflation alimentaire de 0,67 %, avec des effets plus durs dans le sud du continent.
Enfin, les chercheurs ont tout de même évoqué des limites qui empêchent d’établir une relation complète entre les conditions météorologiques et l’inflation. Par exemple, ils n’ont pas découvert d’impacts très significatifs ou cohérents des changements de précipitations sur les prix des denrées alimentaires. Or, c’est surprenant dans la mesure où la productivité agricole est très sensible aux précipitations.