Le réchauffement climatique affecte-t-il les prévisions météo ?

Crédits : earth.nullschool.net

Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Stanford (États-Unis) a montré que le réchauffement du climat diminuait l’horizon de prévisibilité de l’atmosphère et freinait de fait le progrès des prévisions météo. Ces résultats auront des implications socio-économiques majeures quand on sait que les bénéfices issus de la prévision du temps se chiffrent à plus de 160 milliards de dollars par an.

La fiabilité des prévisions météorologiques a considérablement augmenté au cours des dernières décennies. En effet, grâce à l’accroissement fulgurant de la puissance des calculateurs, au renforcement des systèmes d’observations et à des schémas numériques améliorés, l’horizon de prévisibilité a pu être allongé de plusieurs jours.

Aussi, à l’échelle de l’hémisphère Nord, la performance des prévisions à sept jours d’aujourd’hui était celle des prévisions à quatre jours au début des années 1980. De même, les scores que l’on atteint désormais pour la prévision à dix jours étaient ceux de la prévision à sept jours d’il y a quarante ans. Toutefois, ce progrès continu risque d’être sensiblement entravé dans les décennies à venir.

À climat plus chaud, météo plus imprévisible

De récents travaux parus ce 29 novembre dans la revue Geophysical Research Letters ont montré que le réchauffement climatique tend à diminuer l’horizon de prévisibilité de l’atmosphère, en particulier aux moyennes latitudes de l’hémisphère Nord. « Nos résultats montrent que l’état du climat en général a des répercussions sur le nombre de jours à l’avance où l’on peut dire quelque chose de précis sur le temps », rapporte Aditi Sheshadri, auteure principale du papier. « Les climats plus frais semblent intrinsèquement plus prévisibles ».

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Crédits : capture vidéo / NASA.

Les expériences de modélisation effectuées par les chercheurs ont révélé que l’échéance à laquelle des prévisions fiables du vent, des précipitations ou de la température sont possibles régresse de quelques heures par degré de réchauffement. Si ce chiffre peut sembler peu élevé, il faut garder à l’esprit que quelques heures en plus ou en moins font parfois toute la différence en termes de bilan humain à l’approche d’un évènement météo extrême.

De plus, cette moyenne cache d’importants écarts. Tandis que la prévisibilité du vent et de la température baisse d’un jour lorsque le climat régional se réchauffe de 5 °C, celle des précipitations diminue d’autant avec une hausse de seulement 3 °C. Or, plusieurs régions du globe expérimentent déjà ces niveaux de réchauffement, pour l’heure, essentiellement dans le Grand Nord. Et avec la poursuite de la dérive climatique, c’est une large partie des terres du globe qui serait concernée d’ici à la fin du siècle.

L’influence décisive des creusements dépressionnaires

Les résultats obtenus par les chercheurs sont d’une importance fondamentale et demanderont à être précisés et prolongés par de futurs travaux. On peut cependant souligner que la moindre prévisibilité de l’atmosphère des moyennes latitudes en climat plus chaud serait liée à la croissance des tempêtes. En effet, ces dernières subiraient des phases d’intensification plus rapides, concrétisant une sensibilité plus forte aux conditions initiales. Autrement dit, l’effet papillon serait décuplé.

« Nous travaillons pour comprendre ce qui définit cette limite finie de prévisibilité, et aussi comment elle pourrait changer dans différents climats, afin que les gens puissent être préparés à ces changements », relate l’auteure principale de l’étude. « Lorsque les tourbillons s’accentuent, les modèles semblent perdre la trace des conditions initiales très rapidement. Et cela signifie que la fenêtre de prévision se rétrécit ».