De nouvelles recherches suggèrent que les oiseaux et les mammifères ont depuis des millions d’années surpassé les amphibiens et les reptiles, particulièrement en s’adaptant plus facilement aux changements de température. L’étude, publiée dans Nature Ecology and Evolution, a ici analysé des données récoltées sur plus de 11 000 espèces de vertébrés, y compris des archives fossiles vieilles de 270 derniers millions d’années.
En comparant ces informations avec d’anciennes reconstitutions de température, les chercheurs ont constaté que les animaux à sang chaud pouvaient s’adapter aux nouvelles conditions climatiques en se déplaçant plus rapidement vers des zones plus appropriées à leur survie. Ces changements avaient en revanche tendance à se produire beaucoup plus lentement chez les animaux à sang froid.
Mais alors pourquoi les animaux à sang chaud ont-il historiquement surpassé leurs cousins à sang froid ? Parce qu’ils régulent leur propre température corporelle et n’ont pas besoin d’ajuster leur comportement en fonction de la température extérieure – en tout cas pas aussi dramatiquement que les animaux à sang froid. Par exemple selon cette étude, les amphibiens et les reptiles doivent souvent réduire considérablement leurs niveaux d’activité par temps frais, ce qui les désavantage lorsqu’ils doivent se nourrir, s’accoupler ou trouver de nouveaux habitats.
En effet, les animaux à sang chaud sont également capables d’utiliser leur propre corps pour maintenir leurs bébés en développement au chaud. Dans le passé, ces traits ont été particulièrement utiles pour permettre aux oiseaux et mammifères de se disperser à travers le monde pendant les périodes de refroidissement global, soulignent les chercheurs. Cela a notamment été le cas il y a environ 34 millions d’années, lors d’un épisode particulièrement glacial. De leur côté, les animaux à sang froid doivent rester dans des conditions climatiques convenables pour que leurs œufs se développent et éclosent.
« Nous constatons que les mammifères et les oiseaux sont mieux en mesure de s’étendre et d’élargir leurs habitats, ce qui signifie qu’ils s’adaptent et se déplacent beaucoup plus facilement », note Jonathan Rolland, chercheur postdoctoral à l’Université de la Colombie-Britannique (Canada). Il ajoute également que « cela pourrait avoir un impact profond sur les taux d’extinction et à quoi ressemblera notre monde dans le futur ».
Certains scientifiques pensent que la période actuelle de réchauffement planétaire rapide pourrait également affecter de manière disproportionnée les animaux à sang froid. Barry Sinervo, expert en reptiles et en écologie à l’Université de Californie à Santa Cruz, prévoit que jusqu’à 20 % des espèces de lézards dans le monde pourraient disparaître d’ici 2080. il prédit aussi que les extinctions locales – la disparition d’une population dans un endroit géographique particulier – pourraient quant à elles atteindre 40 %.
Nous pourrions naturellement penser que les serpents et les lézards pourraient être avantagés par temps chaud, mais les reptiles – comme tous les autres animaux – ont leurs limites de température. Si les températures mondiales continuent de grimper à cette allure, certaines régions pourront devenir trop chaudes pour leurs habitants à sang froid. Et historiquement parlant, ces mêmes animaux seraient trop lents pour s’étendre dans des habitats plus appropriés.
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