Réchauffement climatique : il n’y a jamais eu d’équivalent depuis l’An 0

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Deux nouvelles études suggèrent que les pics de réchauffement et de refroidissement – tels que le petit âge glaciaire et l’optimum climatique médiéval – avaient une portée beaucoup plus réduite que celle du réchauffement actuel provoqué par l’Homme.

Le climat de notre planète connaît des hauts et des bas. En témoigne le Petit Âge glaciaire, une période climatique relativement froide ressentie en Europe et en Amérique du Nord de 1300 à 1850. Ou encore l’optimum climatique médiéval, caractérisé par un climat réchauffé en Atlantique nord, du Xe au XIVe siècle. Ces deux périodes marquées ont toujours été pensées comme étant des phénomènes relativement globaux. Ce que nous apprennent deux nouvelles études aujourd’hui, c’est que ce n’était pas le cas. Ces fluctuations ont varié d’une région à l’autre sur un certains laps de temps. Autrement dit, il n’y a eu avant l’ère industrielle aucune homogénéité des périodes de chaleur et de froid dans le monde.

« Il est vrai que pendant le petit âge glaciaire, il faisait généralement plus froid dans le monde entier, convient le climatologue Raphael Neukom, co-auteur de ces travaux. Mais pas partout au même moment« . L’idée de cette apparente homogénéité du climat serait née, selon lui, d’une absence de données concernant de nombreuses régions de la Terre à ces époques. De ce fait, les résultats obtenues en Europe et en Amérique du Nord, particulièrement, ont été lissés jusqu’au reste du monde. Or, il semblerait que ces fluctuations n’aient pas été synchrones.

Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569) : le cycle des saisons, janvier 1565. Crédits : Wikipédia

Tout le monde est aujourd’hui concerné

Pour cette étude les chercheurs se sont appuyés sur la base PAGES, qui dresse un tableau complet des données climatiques des 2000 dernières années. Sont par exemple répertoriées les données relatives aux cernes des arbres ou aux carottes glaciaires, véritables témoins des époques passées. D’autres données sont également disponibles concernant l’évolution des coraux, entre autres. En analysant ces ensembles de données à l’aide de six modèles statistiques différents, les chercheurs ont alors été en mesure d’évaluer avec une étonnante précision les différentes fluctuations climatiques passées (importance, régions impactées, chronologie).

Il est alors apparu, comme expliqué plus haut, qu’aucune des périodes climatiques passées au cours des 2 000 dernières années n’était globale. Celle que nous expérimentons actuellement, en revanche, est différente. On apprend en effet trois choses. Qu’il n’a jamais fait aussi chaud sur Terre depuis l’an 0, d’une part. Que cette période de réchauffement concerne 98% de la planète. Autrement dit, que cette période de réchauffement est globale. Elle ne peut donc s’expliquer par des fluctuations climatiques aléatoires, mais semble bien exacerbée par les rejets de CO2 d’origine anthropique. Et enfin, que l’augmentation des températures dans le monde depuis 1880 n’avait jamais été aussi rapide.

« Ces études constituent l’évaluation la plus complète du climat de la Terre au cours des 2 000 dernières années et montrent à quel point le climat dans lequel nous vivons est inhabituel, concluent les chercheurs. Tout le monde est donc dans le même bateau. Et le bateau coule. Vous retrouverez les détails de ces travaux dans les revues Nature et Nature Geoscience.

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