Pour de nombreux chercheurs, les limites de l’augmentation des températures sur Terre fixées par les accords internationaux sur le climat seront largement dépassées dans les décennies à venir. Il y a peu, un quotidien britannique a mené un sondage pour connaître le ressenti de centaines de chercheurs en lien avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
380 spécialistes du GIEC sondés
« Le changement climatique ne deviendra pas soudainement dangereux à +1,5°C. Il l’est déjà et la partie ne sera pas terminée si nous dépassons les 2°C, ce qui pourrait bien être le cas. », a déclaré Peter Cox, directeur du Global Systems Institute de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) dans une interview accordée à The Guardian le 8 mai 2024.
Dans son article, le quotidien britannique explique avoir mené un sondage auprès de 380 spécialistes affiliés au GIEC. Or, 94 % d’entre eux pensent que la limite de +1,5°C depuis l’ère préindustrielle sera dépassée d’ici 2100. Par ailleurs, 77 % de ces mêmes experts estiment que l’augmentation sera d’au moins +2,5°C et 42 % qu’elle dépassera les +3°C.
Pour Peter Cox et de nombreux autres chercheurs, la lutte est donc d’une importance cruciale. En effet, chaque dixième de degré d’augmentation ou encore chaque tonne de CO2 que l’on pourrait éviter permettrait de limiter la souffrance de milliards d’humains à l’échelle globale, et ce, dans un futur très proche.
Quel futur pour le monde ?
Rappelons tout d’abord que la limite de +1,5°C d’ici à 2100 est celle fixée en 2015 avec l’Accord de Paris (COP 21). À ce niveau-là, on observera déjà une intensification des vagues de chaleur et des tempêtes. Citons également la mort des coraux tropicaux, un quasi-effondrement des calottes glaciaires et le dégel du pergélisol. Si nous atteignons une augmentation de +2°C, il y aura en outre 100 à 200 fois plus de chances de voir se reproduire une vague de chaleur comme celle qui a touché le nord-ouest Pacifique en 2021. Or, cette catastrophe avait causé la mort de 905 personnes avec un pic de canicule de 49,6°C au Canada. De plus, les dégâts en lien avec les inondations se multiplieront par deux à l’échelle globale.
La limite de +2,7°C correspond à un pic impliquant la sortie d’environ deux milliards de personnes de ce que l’on nomme la « niche climatique de l’humanité ». Ce terme désigne les zones concernées par des conditions climatiques qui permettent la vie et les activités humaines. Dans le cas d’une augmentation de +3°C, des villes importantes telles que Shanghai (Chine), Rio de Janeiro (Brésil), Bangkok (Thaïlande), La Haye (Pays-Bas) et bien d’autres se retrouveront complètement sous les eaux.
Enfin, si la limite de l’augmentation de la température dépasse les +3°C, le monde entier subira alors d’importantes dérives. Il sera notamment question d’une flambée des prix des denrées alimentaires, de pénuries de nourriture et d’eau ainsi que d’une augmentation terrifiante du nombre de réfugiés climatiques, ce qui pourrait ainsi générer de graves problèmes sur le plan géopolitique.