Le changement climatique continuera de perturber le cycle hydrologique de la planète à mesure que les températures grimperont, rendant les régimes humides et secs plus extrêmes, avertissent des chercheurs. Ces derniers s’inquiètent notamment pour les épisodes saisonniers de moussons, dont dépendent des centaines de millions de personnes, et pour les populations évoluant en aval des glaciers.
Le 9 août dernier, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’un des organes de l’ONU, publiait un rapport alarmant sur l’évolution du climat. D’ici 2030, le réchauffement de la planète devrait atteindre le seuil des +1,5 °C comparé aux années pré-industrielles, estiment les chercheurs. Une telle hausse aura évidemment un impact sur le cycle hydrologique de la Terre, qui risque d’accentuer l’ampleur et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes.
Accélération du cycle hydrologique
Ces changements dans les régimes pluviométriques naturels de la planète sont l’un des plus grands impacts de la crise climatique. Le rapport du GIEC contient plus de 200 pages concentrées sur cette seule thématique. Une discussion plus approfondie sur les impacts attendus de la crise climatique sur l’eau viendra en février prochain, dans la deuxième partie du rapport.
De manière générale, la perturbation du cycle hydrologique de la planète, inhérente à la hausse brutale des températures, rendra les zones déjà humides de plus en plus humides. À l’inverse, les zones déjà arides seront sujettes à des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et marqués.
«Alors que l’atmosphère continue de se réchauffer à cause du réchauffement climatique, elle peut contenir et transporter plus d’humidité. Donc à plus grande échelle, nous nous attendons à voir une accélération du cycle hydrologique : évaporation plus forte sous les tropiques, et pluies plus intenses dans les hautes latitudes et certaines régions équatoriales», souligne au Guardian le professeur Mike Meredith du British Antarctic Survey et auteur principal du GIEC.
L’ampleur et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes sont déjà constatées partout sur la planète. Le Sud et l’ouest des États-Unis, comme l’Afrique subsaharienne, sont en effet déjà habitués aux épisodes de sécheresse accrue, tandis que les inondations et les épisodes de sécheresse continuent de frapper la Chine et l’Europe.
Moussons et fonte des glaces
La mousson en Asie et au Sahel central (Afrique) – essentielle à la vie de plus d’un milliard de personnes – est une source de préoccupation particulière, souligne le rapport.
«Chaque degré supplémentaire de réchauffement exacerbera la fréquence et la gravité des événements extrêmes dans les régions de mousson, telles que les périodes de fortes pluies, d’inondations et de sécheresse», résume le Dr Andy Turner, de l’Université de Reading et auteur principal du GIEC.
Les zones alimentées par les glaciers seront également sujettes aux inondations, puis aux pénuries d’eau.
«Les glaciers du monde entier ont reculé depuis les années 1990 ; c’est sans précédent depuis au moins deux millénaires, et c’est un signal clair des impacts du réchauffement climatique», rappelle Mike Meredith. «Pour de nombreuses communautés en aval, les glaciers de haute montagne sont essentiels à leur mode de vie, fournissant une source fiable d’eau douce pour boire et irriguer les cultures. Au fur et à mesure que ces glaciers continuent de reculer, la fonte plus forte entraînera initialement un risque accru d’inondations, d’avalanches et de glissements de terrain».
À terme, la diminution de l’eau douce disponible déplacera le risque vers celui de la sécheresse. «Des millions de personnes vivent en aval des grands systèmes de glaciers de montagne tels que l’Himalaya ; cela est extrêmement préoccupant pour leur vie et leurs moyens de subsistance», poursuit le chercheur.
Ces impacts sur les systèmes d’approvisionnement en eau perturbent déjà les populations qui en dépendent, souvent vulnérables. Pour Jonathan Farr, de l’association caritative WaterAid, les gouvernements réunis pour la COP26 à Glasgow en novembre prochain devront prendre des mesures visant non seulement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais également à permettre aux pays pauvres de s’adapter aux impacts de la crise climatique.