L’accentuation des épisodes de chaleur intense et de fortes précipitations ne fait pas bon ménage avec l’intégrité structurelle des ponts. Selon une étude publiée il y a une dizaine d’années, le réchauffement climatique pourrait accélérer le vieillissement des ponts et donc leur effondrement anticipé.
Une durée de vie réduite de quinze ans
Saviez-vous que les ponts étaient pensés pour tenir au moins un siècle ? Cette information provient d’un rapport du Sénat datant de 2019, présenté par la Commission de l’aménagement du territoire et de développement durable. En revanche, un détail très important entre en considération : cette durée de vie concerne seulement les ponts dont la construction remonte au moins au début des années 2000 et ceux répondant aux normes de l’Union européenne.
Autrement dit, une partie des ponts français est aujourd’hui menacée. Il faut dire qu’un quart de ce type d’ouvrages sur le territoire a été construit dans les années 1950 et 1960. Or, ces ponts arrivant déjà en fin de vie pourraient disparaître encore plus vite que prévu en raison de l’accentuation du réchauffement climatique.
En 2013, une étude pilotée par l’Université de Nantes-Ecole Centrale Nantes et publiée dans la revue Engineering Structures s’était intéressée au sujet. Selon les auteurs, le réchauffement climatique devrait accélérer de près d’un tiers (31%) le délai d’endommagement des structures des ponts et ainsi réduire leur durée de vie de quinze ans.
L’État doit agir rapidement
Si la détérioration des matériaux est évidemment un phénomène naturel et inéluctable, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les fortes chaleurs, la sécheresse et les pluies diluviennes accentuent certains mécanismes comme l’érosion. Par exemple, cela peut occasionner un rétrécissement des matériaux suite à la perte de l’eau qui les compose, ce qui risque ensuite d’engendrer l’apparition de fissures en tout genre ou encore une rupture des joints de dilatation.
En France, pas moins de 15% des ponts routiers sur un total de 200 000 à 250 000 seraient en mauvais état structurel. En 2024, la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) lançait la plateforme InfraClimat, disponible gratuitement sur le Web. L’objectif ? Permettre aux internautes, mais aussi surtout aux élus et aux collectivités françaises de visualiser l’impact du changement climatique sur les infrastructures. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats donnés par cette plateforme sont inquiétants.
Par exemple, pas moins de 2 550 ponts français sont aujourd’hui exposés aux conséquences de la sécheresse. D’ici à 2100, si aucune mesure n’est prise, l’État devra débloquer environ 260 milliards d’euros pour contrer les effets du réchauffement climatique au niveau des ponts. Dans un premier temps, les autorités devraient organiser des tournées d’inspection spécialisées avant si besoin de mettre en place des actions de rénovation et de maintenance des infrastructures.