Rare : écoutez le chant des narvals, ces petits cétacés quasi inaccessibles

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Crédits : NOAA

Avec l’aide de baleiniers inuits, des biologistes marins ont récemment enregistré plusieurs sons émis par les narvals, ces petits cétacés quasi inaccessibles.

Le narval se distingue par son corps prolongé d’une « corne » qui peut atteindre trois mètres de long. Cet appendice réservé aux mâles est en réalité une dent hyperdéveloppée qui pourrait avoir un certain nombre de fonctions. Selon les spécialistes, elle pourrait notamment être utilisée pour signaler la taille des testicules aux femelles ou comme fleuret pour combattre les mâles. Cette « corne » serait également l’un des outils d’écholocation les plus sensibles du monde animal.

Des animaux « insaisissables »

Ceci étant dit, malgré leur physique reconnaissable, les narvals sont rarement étudiés. Et pour cause : ils sont notoirement timides et préfèrent évoluer dans les eaux profondes et glacées de l’océan Arctique. Ils peuvent néanmoins passer l’été au large des côtes du nord du Canada et du Groenland. Mais là encore, les narvals ont tendance à flâner autour des fjords glaciaires qui sont difficiles d’accès et très hostiles.

Garder un œil sur ces créatures quasi mythiques est pourtant indispensable dans la mesure où elles évoluent dans un milieu positionné en première ligne face au réchauffement climatique. Dans le cadre d’une récente étude, publiée dans le Journal of Geophysical Research: Oceans, les biologistes marins Evgeny Podolskiy et Shin Sugiyama, de l’Université d’Hokkaido à Sapporo (Japon), se sont concentrés sur les vocalises de ces petits cétacés.

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Un groupe de narvals au Groenland. Crédits : Wikipédia

Un paysage hostile et très bruyant

À cette fin, les chercheurs se sont lancés dans une expédition en juillet 2019 pour étudier une population de narvals évoluant dans les eaux du nord-ouest du Groenland. Pour ce faire, ils ont été aidés par des baleiniers inuits, habitués à chasser les cétacés (dans le respect des quotas imposés).

Grâce à leur « connaissance du terrain » et à des microphones placés dans l’eau, les biologistes ont ainsi pu enregistrer les sons émis par les narvals à moins de 25 mètres de distance. Au total, environ 17 heures d’enregistrements ont été collectées au cours de l’expédition.

En plus des appels sociaux, les chercheurs ont également pu identifier des clics d’écholocation, utilisés par les narvals pour chasser leurs proies. « Plus les narvals se rapprochent de leur cible, plus les cliquetis sont rapides, jusqu’à ce que ce bruit devienne finalement un bourdonnement semblable à celui d’une tronçonneuse« , soulignent les chercheurs.

Les données hydroacoustiques et des enregistrements GPS ont également indiqué que les prédateurs se nourrissaient à moins d’un kilomètre des glaciers en train de vêler. Ces zones, connues pour être très dangereuses, apparaissent également très bruyantes.

Ce nouveau catalogue sonore permettra à terme d’en apprendre encore davantage sur ces animaux énigmatiques. Alors que la plupart d’entre nous ne rencontreront jamais de narvals dans la nature, nous pouvons néanmoins vivre cette expérience par procuration au travers de ces « bavardages » loin d’être aussi mélodieux que le chant des baleines à bosse, certes, mais très intéressants malgré tout.

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