Depuis 2011, la fonte des glaciers islandais ralentit

Islande
Crédits : MODIS Rapid Response Team, NASA / GSFC.

Au cours des dix dernières années, la perte de masse des glaciers islandais a considérablement ralenti. De nouveaux travaux publiés le 24 janvier dernier dans la revue Geophysical Research Letters font le point sur cette évolution contre-intuitive et dressent un tableau des évolutions attendues d’ici la fin du siècle.

Comme ceux des régions avoisinantes, les glaciers islandais ont connu une importante perte de masse depuis le milieu du vingtième siècle. Entre 1995 et 2010, celle-ci s’élevait à onze milliards de tonnes par an. Toutefois, depuis 2011, la fonte a été divisée par deux avec une perte annuelle de seulement cinq milliards de tonnes. Les données montrent que ce ralentissement est spécifique à l’Islande et ne concerne pas les glaciers des zones voisines.

Glaciers islandais : une évolution singulière en lien avec l’anomalie froide de l’Atlantique Nord

Dans une étude récente, des chercheurs ont voulu comprendre la cause de ce phénomène. Pour ce faire, ils ont étudié l’évolution du bilan de masse des glaciers islandais entre 1958 et 2019 à l’aide de nombreuses observations et d’un modèle climatique à haute résolution. Au terme de leurs travaux, ils ont trouvé que l’anomalie froide nord-atlantique était responsable du ralentissement observé. En effet, celle-ci amène des températures moyennes plus fraîches, en particulier en été, qui ralentissent la fusion et le ruissellement.

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Évolution cumulée de la masse des glaciers islandais depuis 1960, selon différents jeux de données (a). Répartition spatiale des changements entre 1956 et 2019 (b, couleurs). Crédits : Brice Noël & coll. 2022.

La dimension locale de l’anomalie froide nord-atlantique explique le comportement très spécifique des glaciers islandais. Il s’agit ni plus ni moins de la seule région du globe à avoir subi un refroidissement significatif au cours des cent dernières années. Si l’origine de l’anomalie froide est multiple, les modèles climatiques montrent qu’elle devrait se maintenir et s’amplifier au cours des prochaines décennies en raison du ralentissement de la circulation océanique de l’Atlantique Nord.

Évolution des températures de surface de la mer (en °C par an) observée entre 2011 et 2019 (a), et prévue pour la période 2011-2052 (b) et 2053-2099 (c). Crédits : Brice Noël & coll. 2022.

Une importante atténuation de la fonte jusqu’au milieu du siècle

L’étude rapporte que les températures relativement fraîches à proximité de l’Islande devraient ralentir, voire stopper la fonte des glaciers islandais jusqu’au milieu des années 2050, équivalant à quelque deux cents milliards de tonnes de glaces préservées. Au-delà, le réchauffement lié à l’augmentation des gaz à effet de serre surpasserait l’effet modérateur de l’anomalie froide et la fonte repartirait rapidement à la hausse, du moins, si nous ne faisons rien pour limiter les émissions mondiales d’ici là.

Les simulations montrent qu’un tiers des glaciers aurait alors disparu d’ici 2100, avec une fonte totale attendue d’ici 2300. Ce serait alors près de dix millimètres supplémentaires qui s’ajouteraient au niveau global des mers. « En fin de compte, le message est toujours clair : l’Arctique se réchauffe rapidement. Si nous souhaitons maintenir les glaciers en Islande, nous devons freiner le réchauffement », souligne Brice Noël, auteur principal de l’étude.