Des astronomes ont identifié une structure cosmique à couper le souffle : une radiogalaxie géante (GRG) nommée Inkathazo qui s’étend sur 3,3 millions d’années-lumière. Identifiée grâce au radiotélescope MeerKAT en Afrique du Sud, elle surprend par ses caractéristiques inhabituelles. Elle offre une opportunité rare d’étudier les plus grandes structures de l’univers et pose de nouvelles questions sur leur évolution. Mais qu’est-ce qu’une radiogalaxie géante, et pourquoi cette découverte est-elle si fascinante ?
Qu’est-ce qu’une radiogalaxie géante ?
Une radiogalaxie géante (GRG) est une galaxie émettant des jets de plasma à des millions d’années-lumière dans l’espace intergalactique. Ces jets sont alimentés par un trou noir supermassif situé au centre de la galaxie. Lorsqu’une grande quantité de matière tombe dans ce trou noir, de l’énergie est libérée sous forme de plasma qui s’échappe à grande vitesse. Ce dernier brille à des longueurs d’onde radio, permettant de repérer ces galaxies avec des radiotélescopes.
Pour mieux comprendre la taille de ces mastodontes, sachez que notre galaxie, la Voie lactée, mesure environ 100 000 années-lumière de diamètre. Inkathazo, en comparaison, fait 32 fois cette taille. Ces objets étaient autrefois considérés comme rares, mais grâce à des instruments de nouvelle génération comme MeerKAT, leur nombre augmente rapidement.
La découverte d’Inkathazo
C’est au cours d’observations réalisées avec le télescope MeerKAT que les astronomes ont identifié cette radiogalaxie géante. Inkathazo, qui signifie « problème » en isiZulu et isiXhosa, a été surnommée ainsi en raison des difficultés rencontrées pour comprendre sa physique complexe. Contrairement à la plupart des GRG, cette galaxie présente en effet des caractéristiques inhabituelles. Par exemple, l’un de ses jets de plasma est courbé au lieu de s’étendre linéairement. De plus, Inkathazo se trouve au cœur d’un amas de galaxies, une région densément peuplée de gaz et de matière, ce qui devrait normalement limiter la taille de ses jets.
« Elle n’a pas les mêmes caractéristiques que de nombreuses autres radiogalaxies géantes », explique Kathleen Charlton, étudiante à l’Université du Cap et première auteure de l’étude. « Par exemple, les jets de plasma ont une forme inhabituelle et leur évolution dans un environnement aussi dense reste difficile à expliquer. » Cette anomalie soulève de nouvelles questions sur le rôle de l’environnement dans la croissance des radiogalaxies géantes.

Le rôle des nouveaux instruments
La découverte d’Inkathazo met en évidence les capacités exceptionnelles de MeerKAT, un radiotélescope sud-africain composé de 64 antennes paraboliques. Il est capable de détecter des objets délicats avec une précision et une sensibilité jamais atteintes auparavant. Il a permis de réaliser des cartes spectrales d’âge très précises pour Inkathazo en suivant l’évolution du plasma dans ses jets. Ces cartes ont révélé que certains électrons étaient réénergisés de manière inattendue, probablement lorsqu’ils entraient en collision avec du gaz chaud entre les galaxies de l’amas.
MeerKAT préfigure également le futur Square Kilometer Array (SKA), un projet international de radiotélescope qui sera capable de scruter l’univers avec une sensibilité encore plus grande. Ces avancées technologiques promettent de multiplier les découvertes et de démystifier les processus à l’origine des radiogalaxies géantes.

Quelles implications scientifiques ?
La découverte d’Inkathazo pose des questions fondamentales sur la formation et l’évolution des radiogalaxies géantes. Les jets de plasma, en interaction avec leur environnement, semblent se comporter de manière plus complexe que prévu. Ces études pourraient aider les astronomes à comprendre comment ces structures influencent les galaxies avoisinantes et l’univers à grande échelle.
De plus, Inkathazo n’est pas un cas isolé. Elle est la troisième GRG découverte dans une petite région du ciel nommée COSMOS, d’une taille équivalente à cinq pleines lunes. Cela suggère que de nombreuses autres GRG attendent d’être découvertes, notamment dans l’hémisphère sud, encore largement inexploré.