Les pays vendent des armes pour plusieurs raisons économiques, stratégiques et politiques. La vente d’armes est en effet une source de revenus importante pour les industries de défense nationales, créant ainsi des emplois et stimulant l’économie du pays tout en maintenant et en développant les capacités industrielles liées à la défense. Sur le plan stratégique, cela peut notamment renforcer les alliances entre les pays vendeurs et les acheteurs pour renforcer une position géopolitique et sécuritaire dans la région concernée et soutenir des alliés pendant des conflits. Cela peut également servir à influencer les politiques étrangères des pays acheteurs en les incitant à soutenir les intérêts du vendeur. Tout cela a cependant parfois des conséquences négatives telles que la prolifération des armes et le soutien indirect à des régimes autoritaires ou à des conflits armés.
Reste que l’armement est un secteur clé et plusieurs pays semblent tirer leur épingle du jeu. Le rapport de l’Institut International de Recherche sur la Paix de Stockholm (Sipri) le prouve d’ailleurs bien. Ce document publié le 11 mars, qui passe en revue les dépenses militaires et la vente d’armes dans le monde, montre en effet que le secteur des importations et exportations d’armes se porte bien.
Sans surprise, les États-Unis restent les premiers exportateurs mondiaux
Tout comme en 2023, les États-Unis ravissent la première place du classement avec une augmentation des exportations de 17 % entre 2014-2018 et 2019-2023. Si l’on regarde le total des exportations mondiales, la part américaine passe de 34 % à 42 %. Cette augmentation n’a toutefois rien d’étonnant. « Les États-Unis ont accru leur rôle de fournisseur mondial d’armes en exportant plus d’armes vers plus de pays qu’ils ne l’ont jamais fait par le passé », souligne Mathew George, le directeur du programme Transferts d’armes du Sipri. « Cela se produit à un moment où la domination économique et géopolitique des États-Unis est remise en cause par les puissances émergentes ».
La France grimpe à la deuxième place
Le document estime par ailleurs qu’ « à eux seuls, les États-Unis et les États d’Europe occidentale représentent 72 % du total des exportations mondiales d’armes en 2019-23, contre 62 % en 2014-18 ». Or, de tous les pays européens, la France est le pays qui bat tous les autres en termes d’exportation. L’Hexagone se hisse même à la deuxième place des plus gros exportateurs juste devant la Russie avec une augmentation de 47 % sur la période 2014-2018 et 2019-2023.
À noter toutefois que les exportations d’armement de Moscou ont diminué de 53 % sur la même période et que la Russie talonne malgré tout la France. Les deux pays, qui sont au coude à coude, possèdent 11 % de part de marché chacun dans le commerce des équipements militaires. Ils restent donc bien loin des États-Unis qui en possèdent pas moins de 42 %.
D’autres pays connaissent une hausse ou une baisse significative
Les exportations militaires ne sont pas en augmentation qu’aux États-Unis ou en France. D’autres pays ont en effet connu une hausse de leur exportation militaire. Avec respectivement +86 % et +12 %, l’Italie et la Corée du Sud sont également concernées. En revanche, d’autres pays enregistrent des baisses de commandes, à l’instar de la Chine (-5,3 %), de l’Allemagne (-14 %), du Royaume-Uni (-14 %), de l’Espagne (-3,3 %) et d’Israël (-25 %).
Qui sont les principaux importateurs d’armes ?
Comme on peut s’y attendre avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, cette dernière est devenue le plus grand importateur d’armes européen et le quatrième à l’échelle mondiale en 2019-2023. D’après le document du Sipri, au moins trente pays lui ont fourni des armes majeures à titre d’aide militaire depuis février 2022. Globalement, les importations d’armes en Europe ont connu une augmentation massive ces cinq dernières années. Les chiffres ont ainsi quasiment doublé et bondi de +94 % par rapport aux années précédentes.
Ces chiffres laissent par ailleurs une autre tendance se dégager. En effet, la dépendance européenne aux fournisseurs d’armes américains atteint les niveaux les plus élevés jamais observés. Comme l’explique Dan Smith, le directeur du Sipri : « Plus de la moitié des importations d’armes des États européens proviennent des États-Unis alors que dans le même temps, l’Europe est responsable d’environ un tiers des exportations mondiales d’armes ». Toutefois, la guerre en Ukraine n’est pas le seul bouleversement à l’œuvre pouvant expliquer ces investissements européens massifs dans le secteur militaire. « Avec de nombreuses commandes d’armes très coûteuses, dont près de 800 avions et hélicoptères de combat, les importations européennes d’armes resteront probablement à un niveau élevé » estime Pieter Wezeman, un chercheur au Sipri.
À qui la France vend-elle ses armes ?
« La France profite de la forte demande mondiale pour dynamiser son industrie d’armement par le biais des exportations », estime Katarina Djokic, une chercheuse au Sipri. Les exportations made in France sont principalement à destination de l’Asie et de l’Océanie (42 %), ainsi qu’aux États du Moyen-Orient (34 %). L’Inde est toutefois l’acheteur principal de l’armement français avec près de 30 % des exportations tricolores.
L’Hexagone a notamment particulièrement réussi à vendre ses avions de combat hors d’Europe, notamment après de l’Inde, du Qatar et de l’Égypte. En effet, entre 2014 à 2018, la France a pu exporter 23 avions de chasse de Dassault Aviation contre pas moins de 94 sur la période qui s’étend de 2019 à 2023. Malgré ce succès, la France peine à vendre ses équipements à ses voisins européens. En Europe, elle n’a ainsi même pas pu atteindre 10 % des parts de marché. Par ailleurs, si la Grèce n’avait pas acheté dix-huit avions de chasse Rafale, ces chiffres auraient plutôt gravité autour des 5 %…