D’étranges boules taillées dans le calcaire, retrouvées il y trente ans en Israël, ont longtemps interrogé les chercheurs. Une équipe a récemment examiné ces formations avec des techniques de pointe, confirmant qu’elles avaient été intentionnellement fabriquées par d’anciens humains.
Des boules de calcaire
En 1993, des archéologues avaient fait une découverte intrigante dans la vallée du Rift du Jourdain, en Israël. Sur place, les fouilles avaient en effet permis de mettre au jour des boules datant d’environ 1,4 million d’années taillées et polies dans le la pierre. On en dénombre aujourd’hui plus de 150 dont les tailles varient de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre.
L’origine et la fonction exactes de ces artéfacts sont encore un sujet de débat parmi les chercheurs. Pendant longtemps, certains ont pensé que ces boules de pierre n’étaient que des formations géologiques naturelles créées par des processus d’érosion et d’agrégation de sédiments. D’autres ont imaginé qu’il s’agissait de sous-produits involontaires ou même d’outils fabriqués intentionnellement et conçus à des fins spécifiques. Une théorie suggère également que ces boules de pierre pourraient avoir eu une signification rituelle ou artistique.
Fabriquées à dessein
Dans le cadre d’une nouvelle étude, des archéologues de l’Université hébraïque de Jérusalem ont utilisé des méthodes d’analyse 3D de pointe pour en apprendre davantage sur ces formations. Leurs analyses suggèrent qu’elles ont été fabriquées intentionnellement au moyen d’un processus de « taille habile ».
En effet, ces sphéroïdes ne seraient pas devenus plus lisses, mais avant tout « plus sphériques », concluent les chercheurs. Or, si la nature est capable de rendre une pierre très lisse (pensez aux galets retrouvés sur les plages ou dans les rivières), elle n’approche quasiment jamais une forme réellement sphérique de manière naturelle.

Homo Erectus en est probablement l’artisan
La question de savoir à quoi servaient ces sphéroïdes demeure encore incertaine. Nous savons cependant que notre espèce n’en est pas à l’origine. Homo sapiens n’a en effet évolué qu’il y a environ 300 000 ans.
En revanche, le site préhistorique d’Ubeidiya est célèbre pour avoir fourni des fossiles et des outils associés à Homo erectus. Ces découvertes incluent des restes de crânes et d’ossements attribués à cette espèce. Ces fossiles figurent d’ailleurs parmi les plus anciens exemples d’Homo erectus trouvés en dehors de l’Afrique.
Pour rappel, Homo erectus n’est pas n’importe quelle espèce. Elle est en effet à l’origine de l’invention du biface. Elle fut également vraisemblablement la première à maîtriser le feu et la première à véritablement marcher debout. Certaines spéculations suggèrent également qu’Homo Erectus aurait utilisé un langage, ou du moins une forme de proto-langage.
Ici, les compétences requises pour fabriquer de tels sphéroïdes calcaires semblent confirmer ce que de plus en plus de preuves laissent à penser : Homo Erectus était visiblement doté de capacités cognitives supérieures à ce qui était présupposé.
Les détails de l’étude ont été publiés dans la revue Royal Society Open Science.