Qu’est-ce que l’eutrophisation des eaux, ce processus désastreux pour la faune et la flore

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Chaque année, près de 50 000 tonnes d’algues vertes sont ramassées en Bretagne. Considérée comme toxiques, la prolifération de ces végétaux est la conséquence d’une pollution des eaux provoquée par une utilisation excessive d’intrants agricoles riches en azote et en phosphore. Leur développement n’a été rendu possible que par un processus naturel appelé eutrophisation. Ce déséquilibre environnemental permet la libre prolifération d’espèces invasives telles que les algues vertes au détriment d’autres organismes qui disparaissent peu à peu. Une expertise sur le sujet avait été lancée il y a deux ans par le ministère de l’Environnement et de l’Agriculture, les résultats sont là et ils sont malheureusement sans appel : le processus d’eutrophisation des eaux ne recule pas ! 

Ce sont quarante chercheurs issus de l’Irstea, l’Inra, du CNRS et de l’Ifremer qui se sont penchés sur le sujet. Sur une recherche bibliographique basée sur près de 40 000 articles scientifiques, ils ont tâché d’évaluer l’état d’avancement de l’eutrophisation des eaux. Leur rapport de 150 pages remis au ministère de l’Agriculture et de l’Environnement n’a malheureusement pas fait d’heureux : les eaux sont toujours aussi polluées.

L’eutrophisation des eaux se caractérise par une accumulation de nutriments (principalement de l’azote et du phosphore) dans un milieu donné. Généralement en provenance de l’activité humaine issue des ménages, mais surtout de systèmes agricoles intensifs, ces nutriments sont assimilés par des organismes dits « opportunistes ». Ces derniers participent alors à une augmentation de la biomasse végétale : cyanobactéries, algues et autres végétaux envahissent la surface des eaux. La lumière pénètre l’eau avec beaucoup plus de difficulté et l’oxygène se raréfie. Ces lourdes conditions de vie entraînent la disparition des poissons, crustacés et diverses autres espèces. Les zones anoxiques (sans oxygène) auraient triplé depuis les années 60, donnant lieu à la formation de près de 500 points d’eau eutrophes dans le monde.

Pourtant, face à la disparition des Grands Lacs d’Amérique du Nord, les gouvernements avaient déjà commencé à réagir dans les années 70. De nouvelles lois étaient entrées en vigueur pour limiter les rejets d’azote et de phosphore dans l’environnement. Le traitement des eaux usées s’était intensifié, la lessive sans phosphate imposée et l’utilisation d’engrais chimique limitée. Mais sans succès. D’après les chercheurs, le taux d’azote rejeté dans les mers aurait doublé pendant le XXe siècle, passant de 34 à 64 millions de tonnes par an ! Ce ne sont plus des lacs ni des points isolés qui sont touchés, mais des pans côtiers de plusieurs milliers de kilomètres !

Pourquoi l’eutrophisation des eaux s’accélère-t-elle malgré toutes ces mesures ? Ceci serait dû à nos actions passées. Cela fait maintenant plus de 150 ans que nos sols sont contaminés par les intrants agricoles. Les engrais chimiques, déversés dans nos champs et assimilés par les sols, sont toujours présents. Favorisée par un dérèglement climatique, leur érosion entraîne une libération excessive de nutriments qui interviennent par la suite dans un processus d’eutrophisation aux conséquences totalement désastreuses sur la faune et la flore. L’équilibre des écosystèmes est rompu et malheureusement difficile à rétablir. Le mal étant fait,  les gouvernements peuvent toujours intervenir pour limiter ces excès : des traités environnementaux sérieux et rigoureux doivent alors être mis en place.

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