Qu’est-ce qu’une mémoire eidétique ? La mémoire photographique du pauvre

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Certaines personnes prétendent avoir une mémoire photographique. Elles seraient ainsi capables de se remémorer une scène passée dans ses moindres détails comme si elles décrivaient une photographie. Néanmoins, de telles capacités n’ont jamais été prouvées scientifiquement. En revanche, nous savons que la mémoire eidétique existe. De quoi s’agit-il précisément ?

La mémoire eidétique est souvent confondue avec la mémoire photographique, mais ce n’est pas tout à fait la même chose. La mémoire eidétique est la capacité de se rappeler clairement une scène à laquelle vous êtes exposé, mais seulement brièvement. Par exemple : vous observez une photo, fermez les yeux et continuez à voir l’image dans votre esprit pendant plusieurs dizaines de secondes. Les détails commencent ensuite à s’estomper.

L’idée que certaines personnes soient capables de prendre des instantanés mentaux de ce qu’ils voient et de s’en souvenir des années plus tard dans les moindres détails est certainement passionnante, mais pour l’heure, cela ne semble pas être plus qu’un mythe. Alors que l’œil humain peut être décrit, au moins fonctionnellement parlant, comme l’objectif d’un appareil photo, notre mémoire fonctionne différemment d’un disque dur.

On pense que la mémoire eidétique est contrôlée principalement par le cortex pariétal postérieur. Pour la plupart des gens, ces images ne sont stockées que quelques courtes secondes avant d’être supprimées ou transférées vers la mémoire à court terme. Chez d’autres, elles resteraient ainsi gravées plus longtemps.

Des capacités exceptionnelles

Si la véritable mémoire photographique n’existe pas, qu’en est-il des remarquables capacités de mémoire de certaines personnes célèbres ? Teddy Roosevelt pouvait par exemple réciter des pages entières de journaux les yeux fermés. Arturo Toscanini est un autre exemple, connu pour avoir dirigé des opéras de mémoire alors que sa vue devenait trop mauvaise pour lire la moindre partition. Enfin, n’oublions pas Lu Chao, connu pour avoir récité les 67 890 premiers chiffres de Pi de mémoire.

Pour le cas de Lu Chao, nous savons que ce dernier utilisait des techniques de mémoire très efficaces. L’une d’elles, appelée loci (ou méthode du palais de la mémoire), utilise des repères spatiaux ou environnementaux. Afin de se rappeler des chiffres dans le bon ordre, il suffisait par exemple à Lu Chao de se balader dans son palais mental à l’intérieur duquel il avait attribué des images à des combinaisons de nombres à deux chiffres allant de « 00 » à « 99 ».

D’autres personnes peuvent également avoir ce que les scientifiques appellent l’hyperthymésie. Il s’agit d’un syndrome caractérisé par une mémoire exceptionnelle permettant de se souvenir très précisément et sans effort de tel ou tel événement de son enfance.

Des études sur des personnes capables de mémoriser des pages entières ont cependant révélé qu’elles ne parvenaient pas à réciter les paragraphes dans l’ordre inverse. Si leurs souvenirs étaient réellement considérés comme des instantanés, ces personnes auraient dû pouvoir reproduire le texte dans l’ordre inverse. Il s’agit ainsi d’une mémoire extraordinaire, certes, mais toujours pas de « mémoire photographique » au sens propre.

Néanmoins, il est possible que les termes puissent être confondus. Il se peut donc que les personnes soutenant bénéficier d’une mémoire photographique soient en réalité touchées par une hyperthymésie. Les causes de cette pathologie, formellement identifiée en 2006, demeurent encore incertaines. Cependant, plusieurs études démontrent la présence de connexions anormalement renforcées dans certaines régions du cerveau des personnes concernées.

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Avez-vous une mémoire eidétique ?

Si vous allez sur Internet et tapez « test de mémoire photographique« , vous trouverez des dizaines de pages proposant de vous évaluer sur cette capacité. Oubliez.

En revanche, il existe un test reconnu pour évaluer objectivement la mémoire eidétique. Baptisé test d’images composites, il consiste à superposer l’instantané mental d’une image, généralement une grille abstraite de carrés noirs et blancs aléatoires, au-dessus d’un autre instantané mental. Dans ce test, les deux images montrent des motifs sans signification, mais lorsqu’ils sont combinés, ils forment un seul symbole facilement identifiable.

Si vous pouvez continuer à visualiser l’image dans votre tête alors que celle-ci est hors de vue, vous devriez alors pouvoir la superposer sur une autre image similaire, laissant finalement apparaître le symbole.

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Test d’images composites

Alors ?