Qu’est ce qu’un marais barométrique ?

Marais barométrique sur une grande partie de l'Europe fin mai 2018. Pression de surface (isolignes blanches) et en altitude (nuances de couleurs). Crédits : meteociel.fr

Le terme de marais barométrique est parfois employé par les présentateurs aux bulletins météo, essentiellement en saison chaude. Il est alors fréquemment synonyme d’évolution orageuse en cours de journée. Mais quel est vraiment ce phénomène et comment se forme-t-il ?

Un marais barométrique désigne une zone de l’atmosphère des moyennes latitudes où l’on retrouve un relâchement marqué des contrastes horizontaux, et ceci à plus ou moins grande échelle. Ces contrastes sont aussi bien barométriques – peu de variations de la pression – que thermiques : peu de variations de la température expliquant l’absence de front*. Étant donné que la pression et la température impliquent aussi le champ de vent, les variations de ce dernier sont donc très aléatoires dans ce genre de situation météorologique. Généralement, lorsque l’on parle de marais barométrique, on se réfère essentiellement à la structure très désorganisée du champ de pression en surface. Celle-ci se situe alors entre les valeurs dîtes dépressionnaires et celles dîtes anticycloniques (autour de 1013 hectopascals). Il n’y a pas de centres d’action bien identifiables, et les conditions météorologiques sont fortement influencées par le cycle diurne et les effets locaux.

Cette situation se retrouve presque exclusivement en saison estivale. Avec le réchauffement solaire, le développement d’orages plus ou moins violents en cours de journée – mais souvent peu organisés – est alors fréquent. Le calme revient généralement en cours de nuit et de matinée. Notons que la répartition des zones nuageuses ou orageuses est très variable, tantôt cantonnée aux reliefs, tantôt initiée par des régimes de vents locaux ou par de petites structures dépressionnaires d’altitude. En hiver, ce sont surtout les nuages bas et les brouillards qui s’installent, en particulier si le marais barométrique se développe après le passage d’une perturbation et l’apport associé d’humidité. Cette situation au flux très « mou » conduit à une prévisibilité très faible, car cette dernière dépend alors pour une grande part de processus liés à des échelles relativement petites.

Pour comprendre comment se forme un marais barométrique dans la plupart des cas, il faut rappeler une caractéristique essentielle de la circulation à nos latitudes : elle est très ondulatoire. Le flux moyen d’ouest est parcouru par des ondes de grande échelle – de l’ordre de plusieurs milliers de kilomètres – responsables des régimes de temps qui se succèdent d’une semaine à l’autre. À l’image des vagues s’approchant de la plage, ces grandes ondes peuvent déferler. Lorsqu’elles le font, elles créent un brassage turbulent – comme les vagues avec l’écume – qui a le potentiel de relaxer rapidement les gradients atmosphériques qui leur ont donné naissance. Suivant la configuration de l’écoulement, ce relâchement des contrastes horizontaux** peut être plus ou moins important et persister plusieurs jours d’affilée, voire jusqu’à plus d’une semaine. Il est notablement plus facile d’établir un marais barométrique en été, puisque les contrastes sont initialement moins marqués qu’en hiver à nos latitudes et mettent plus de temps à se reconstruire. En hiver, il est rare qu’une telle situation perdure plus de 2 à 3 jours.

Rappelons pour conclure que tous les déferlements ne conduisent pas à des marais barométriques, loin s’en faut. La structure, l’amplitude, la fréquence et la localisation de ceux-ci pourront conduire à des régimes atmosphériques bien différenciés. Le  marais est donc un aboutissement particulier de déferlement d’ondes, propre à la saison chaude à quelques rares exceptions près.

* Il peut toutefois exister des fronts d’altitude ou des pseudo-fronts en basse couche.

** De ce relâchement, il résulte souvent l’isolement de petites structures, sortes de tourbillons résiduels, telles que des dépressions d’altitude peu marquées favorisant l’instabilité en saison chaude.