Qu’est-ce que le syndrome de La Havane ?

Cuba la havane
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Depuis plus de cinq ans, environ un millier de diplomates américains et canadiens ont été atteints par un syndrome étrange : le syndrome de La Havane. Toutefois, il faut savoir que ce trouble ne concerne pas seulement le personnel diplomatique se trouvant à Cuba.

De nombreux symptômes

Fin 2016, l’histoire commence à Cuba où des membres du personnel diplomatique des États-Unis décrivent d’étranges maux. Parmi ces derniers, citons des nausées, mais également des troubles de l’audition, du sommeil ou encore de l’équilibre. Entre 2016 et 2018, pas moins d’une vingtaine de personnes disent avoir été touchées par ce qui est nommé « syndrome de La Havane ». Plus tard, des diplomates canadiens ont également rapporté des maux similaires à Cuba. Toutefois, le syndrome n’est pas exclusivement en lien avec Cuba puisque d’autres cas ont été déclarés en 2018 dans des pays tels que l’Allemagne, l’Australie, la Chine, la France, le Kazakhstan, la Russie, la Suisse, Taïwan ou encore le Vietnam.

Selon un article du New York Times en janvier 2022 évoquant un rapport de la CIA, le syndrome de Cuba concerne pas moins d’un millier de cas en six ans. Il faut également savoir qu’en 2021, le Havana Syndrome Act est voté et permet désormais de rendre les soins plus accessibles financièrement pour les personnes touchées.

dépression
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Poser le diagnostic du syndrome de La Havane n’est pas chose aisée. En effet, les patients décrivent une myriade de symptômes comme des douleurs perçantes, des problèmes d’équilibre, de vertige et de coordination, de l’anxiété, de l’irritabilité, des pressions à la tête ou encore une sorte de brouillard cognitif. Or, ces symptômes peuvent être associés à de nombreuses autres maladies telles que la dépression ou les migraines.

Des causes difficiles à établir

Les premières hypothèses tentant d’expliquer ce phénomène étaient relatives à des attaques soniques de puissances hostiles au moyen d’une technologie inconnue. Toutefois, deux études ont été publiées en 2018 et 2019 par la même équipe de l’École de médecine Perelman de l’Université de Pennsylvanie (États-Unis). Ces travaux menés sur les cerveaux de 21 patients ont permis de conclure que les symptômes peuvent provenir de lésions cérébrales, mais que la cause reste toujours indéterminée. Il est toutefois à noter que ces études ont reçu du soutien, mais également de nombreuses critiques.

Les causes du syndrome de La Havane semblent donc très difficiles à établir. En l’absence de « coupable », les détracteurs ont tenté de remettre en cause les différents symptômes et surtout les hypothèses relatives aux attaques soniques. D’autres rapports des CDC américains et de l’Académie nationale des sciences (NAS) ont quant à eux évoqué les ondes radio comme la cause la plus probable, mais aussi les micro-ondes.

Un mystère toujours aussi épais

À ce jour, ce syndrome reste un mystère, car il n’existe aucune preuve tangible. Évoquons toutefois une dernière piste décrite dans l’ouvrage Havana Syndrome (2020) du neurologue Robert E. Bartholomew. Il y a émis l’hypothèse d’une maladie d’origine psychologique, bien que les symptômes soient bien réels, ainsi que les effets sur le cerveau. L’auteur explique notamment que dans un contexte de stress, ces personnes sont prises d’étranges malaises puisqu’elles s’attendent à d’éventuelles attaques. Ce mal est d’ailleurs « transmissible » à d’autres collègues de travail qui commenceraient soudainement à s’attendre également à l’apparition de symptômes similaires.

Enfin, il faut savoir que les diplomates ne sont pas le seul type de personnel concerné puisque certains cas impliquent des militaires, ainsi que des agents de renseignement. De plus, une douzaine de cas font toujours l’objet d’une enquête dans la mesure où il n’est pas question de la crainte d’une attaque, mais plutôt de causes environnementales. Concernant ces cas, le syndrome de La Havane s’apparenterait peut-être davantage à une sorte de syndrome du voyageur