Zoophilie : on vous dit tout sur cette pratique interdite

zoophilie
Léda et le cygne (1530), par Michel-Ange, National Gallery, Londres / Wikimedia

Pratique controversée et interdite par la loi en France, la zoophilie représente les fantasmes, et les divers actes sexuel avec les animaux. Le terme apparu au XIXe siècle était pourtant à l’origine utilisé dans un sens platonique avant que qualifier ce genre de penchant.

Une déviance sexuelle

Les experts estiment à juste titre que la zoophilie est une paraphilie. Autrement dit, il s’agit une attirance ou pratique sexuelle qui diffère des actes habituellement considérés comme entrant dans la norme, que l’on pourrait également qualifier de déviance ou de perversion sexuelle. Et pourtant depuis 1980, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) ne mentionne étonnamment plus la zoophilie.

Les zoophiles sont répartis dans une dizaine de classes, et ce en fonction de leurs penchants et de leurs éventuels passages à l’acte. La classe 1 est relative aux personnes souhaitant que leur partenaire humain se comporte tel un animal (jeu de rôle), car l’idée d’avoir des relations avec un animal les excite. La classe 2 concerne les personnes détenant un animal de compagnie afin d’obtenir une stimulation psychosexuelle, sans pour autant passer à l’acte. Les autres classes vont du simple fantasme au passage à l’acte à différents niveaux, des caresses aux actes sexuels caractérisés. D’autres classes concernent par exemple le fétichisme (ex : fourrure) ou encore le zoosadisme (torture).

Un peu d’histoire

La zoophilie est un terme ayant fait son apparition au cours du XIXe siècle. À cette époque, son sens était platonique, c’est-à-dire qu’il n’était pas encore question d’attirance ou d’acte sexuel avec des animaux. En témoigne le journal de protection animale animé par Victor Hugo dont intitulé Le Zoophile. L’étymologie tend également à le prouver, car le terme provient du grec ancien ζῷον / zỗion (animal) et φιλία / philía (amitié).

Par la suite, le mot désignait l’attirance sexuelle d’un être humain (zoophile) pour un ou plusieurs animaux. Avant cela, la zoophilie telle que nous la connaissons aujourd’hui était nommée bestialité, un terme qui n’a cependant pas disparu. Au Moyen-âge, il était question de crime contre nature.

Par ailleurs, il faut savoir que la zoophilie apparaît dans la plupart des religions et se trouve être largement condamnée. Cependant, des écrits liés à l’hindouisme contiennent plusieurs exemples de figures religieuses ayant des relations sexuelles avec un animal. Certains écrits stipulent également que cette pratique n’est pas mauvaise sous certaines conditions.

Que dit la loi sur la zoophilie ?

En France, le Code pénal de 1791 a aboli les crimes de sodomie et de bestialité, une mesure confirmée par Napoléon et son Code pénal de 1810. Or jusque dans les années 2000, les actes de zoophilie n’étaient condamnés que lorsqu’il était question de violence de type cruauté et mauvais traitements en général. Autrement dit, les condamnations concernaient les affaires où l’animal avait subi de graves sévices.

La loi 2004-204 du 9 mars 2004 est venue corriger cela en punissant également les actes à caractère sexuel. Les zoophiles faisant subir des sévices ou ayant des relations sexuelles encourent dans notre pays jusqu’à deux ans d’emprisonnement, une amende de 30 000 euros et éventuellement une interdiction de détenir un animal. La première condamnation a eu lieu en 2006 et concernait un individu ayant sodomisé son poney. Celui-ci a été condamné à un an d’emprisonnement avec sursis, une interdiction définitive de détenir un animal et 2 000 euros d’amende.

Aux États-Unis par exemple, il n’existe aucune loi fédérale condamnant la zoophilie. Cependant, il y avait en 2012 pas moins de 34 États américains condamnant fermement la pratique. C’est également le cas de nombreux pays à travers le monde, mais d’autres cas questionnent. Dans certains pays, il n’existe aucune loi concernant la zoophilie (Espagne, Finlande), et d’autres la condamnent seulement s’il y a un lien avec la pornographie (Allemagne, Suisse) ou le zoosadisme (Japon, Bulgarie).

Risques sanitaires

Tout comme les relations entre humains, la sexualité entre humains et animaux comporte des risques. Il peut s’agir d’infections, de blessures ou encore de réactions allergiques. Le terme « zoonose » qualifie les maladies et infections transmises par les animaux aux Hommes. Celles-ci peuvent être engendrées par un simple contact, mais d’autres le sont par les activités exposant les humains au sperme, aux sécrétions vaginales, au sang, aux selles, à l’urine ou encore à la salive.

Sauf dans le cas où les animaux sont très bien soignés, les risques de transmission concernent les maladies telles que la rage, la leptospirose, la brucellose ou encore la fièvre Q. Par ailleurs, il faut savoir que mis à part les primates, aucun animal ne peut transmettre le VIH aux humains. Évoquons également le fait qu’une étude brésilienne parue en 2011 avait conclu que les relations sexuelles avec un animal pouvaient causer le cancer du pénis chez l’homme. Cependant, pour les défenseurs des animaux, ce genre d’études n’a aucun effet sur les zoophiles.

Les pour et les contre

L’amour platonique est évidemment toléré, certaines personnes dorment avec leur animal sans la moindre ambiguïté. Cependant, le fait est qu’un animal domestique est considéré comme un bien et non comme une personne morale. Ceci a donc sûrement contribué – également avec la représentation faite de la zoophilie dans les arts – à ce que celle-ci ait été assez longtemps reléguée au second plan au niveau de la gravité. Par ailleurs, il existe un débat avec les zoophiles eux-mêmes concernant la question du consentement. Selon certains, un animal peut s’initier à une rencontre sexuelle de son propre gré.

En règle générale, les personnes condamnant la pratique avancent les questions liées à l’éthique (droit des animaux) ou la santé. Par ailleurs, il est également question d’un traumatisme fait à l’animal, et ce même dans le cadre de relations dites pacifiques, autrement dit hors zoosadisme.

The Nayika as the lovers of all creatures. (Kotah State Rajasthan, 1780)
Crédits : Wikipédia

La zoophilie dans l’actualité

La zoophilie revient régulièrement dans les faits divers, et ce même dans l’actualité très récente. En 2018 en Thaïlande, un individu de 52 ans a été arrêté après avoir été repéré sur les réseaux sociaux. L’intéressé publiait des contenus zoophiles et proposait des actes sexuels avec des chiens abandonnés contre rémunération. Cette année, un Américain de 21 ans s’est déguisé en husky pour violer son chien avant de publier une vidéo en ligne.

En avril 2019, une affaire a véritablement secoué les États-Unis. Trois individus de 31, 34 et 41 ans vivant en Pennsylvanie ont durant cinq années eu des relations sexuelles avec une douzaine d’animaux dont des juments, une vache, une chèvre ainsi que des chiens. Les médias ont évoqué des « orgies de basse-cour ». De plus, les coupables n’avaient pas hésité à filmer leurs ébats.

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