Quelles sont les entreprises responsables de l’acidification des ocĂ©ans ?

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Crédits : Pexels/Pixabay

Seules quelques entreprises sont responsables de plus de la moitiĂ© de l’acidification des ocĂ©ans depuis l’Ă©poque prĂ©industrielle.

Environ un tiers du CO2 liĂ© aux activitĂ©s humaines est absorbĂ© par les eaux chaque annĂ©e. Ce gaz se dissout ensuite pour former de l’acide carbonique, ce qui a pour effet de modifier l’équilibre chimique de l’eau de mer. Les ocĂ©ans deviennent alors plus acides, ce qui veut dire qu’il y a moins d’ions carbonates disponibles nĂ©cessaires Ă  la construction et Ă  la conservation des coquillages et des squelettes.

Au final, des ocĂ©ans plus acides empĂŞchent les plus petits organismes d’Ă©voluer normalement dans l’eau. Cela affecte ensuite l’ensemble de la chaĂ®ne alimentaire.

Quelques entreprises en grande partie responsables

Une Ă©tude s’est rĂ©cemment penchĂ©e sur les responsables de ce dĂ©sĂ©quilibre de la chimie ocĂ©anique.

« Nous savons depuis longtemps que la combustion des Ă©nergies fossiles est le principal moteur de l’acidification des ocĂ©ans. Mais jusqu’Ă  prĂ©sent, nous n’avons pas Ă©tĂ© en mesure de savoir dans quelle mesure une entreprise pouvait contribuer au problème, ni de quelle manière, explique Rachel Licker, de l’Union of Concerned Scientists (UCS). Les scientifiques peuvent dĂ©sormais quantifier Ă  quel point l’ocĂ©an est devenu plus acide grâce aux produits de chaque entreprise de combustibles fossiles ».

Sans surprise, les chercheurs ont dĂ©couvert que les 88 plus grands producteurs de gaz, de pĂ©trole et de charbon, ainsi que les fabricants de ciment, ont Ă©tĂ© responsables de plus de la moitiĂ© de l’acidification des ocĂ©ans depuis 1880. Il ressort Ă©galement que plus d’un cinquième de cette augmentation de l’aciditĂ© ocĂ©anique est imputĂ© Ă  seulement 20 entreprises.

Ces entreprises, les voici. Elles comprennent BP, Exxon, Chevron, Shell, ou encore Saudi Aramco :

acidification océans
Crédits : Environmental Research Letters

Pour les chercheurs, le fait que ces entreprises aient jouĂ© un rĂ´le toujours aussi important dans l’acidification des ocĂ©ans Ă  partir des annĂ©es 1960 est d’autant plus inquiĂ©tant dans la mesure oĂą cette industrie Ă©tait consciente des risques climatiques de leurs activitĂ©s.

« Les entreprises auraient pu agir de manière responsable pour informer le public des risques et prendre des mesures pour réduire les émissions. Elles ont plutôt choisi de désinformer », explique Peter Frumhoff, co-auteur de cette étude.

Des millions d’emplois menacĂ©s

Ces travaux ont Ă©galement permis d’isoler des rĂ©gions plus touchĂ©es que d’autres par cette acidification. La situation semble alarmante dans le triangle de corail, dans la mer de BĂ©ring et le golfe d’Alaska, au large du PĂ©rou, dans l’ocĂ©an Arctique et dans le courant de Californie.

Outre la menace qui pèse sur les organismes marins, l’Ă©tude met ici l’accent sur les rĂ©percutions humaines de cette nouvelle chimie ocĂ©anique. Les pĂŞcheries, peut-on lire, fournissent plus de 43 000 emplois le long de la cĂ´te ouest des États-Unis, et 10 000 de plus au large de l’Alaska. Les pĂŞcheries chiliennes permettent quant Ă  elles au moins 90 000 emplois.

La situation est encore pire autour du triangle de corail, oĂą plus de 4 millions d’emplois sont menacĂ©s en IndonĂ©sie, Malaisie, Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, et aux Philippines.

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