Quelle quantité de poussières sahariennes retombe-t-il chaque année en Amazonie ?

Crédits : NASA.

Des chercheurs ont récemment évalué avec une précision sans précédent la quantité de poussières transportées depuis le Sahara vers l’Amazonie. Ces résultats permettent entre autres de mieux anticiper la façon dont l’écosystème amazonien répondra aux changements climatiques en cours. L’étude a été publiée dans la revue Global Biogeochemical Cycles le 24 juillet dernier.

L’environnement amazonien est étroitement dépendant des conditions désertiques présentes en Afrique du nord. En effet, chaque année d’importantes quantités de sable sont transportées depuis le Sahara vers l’Amérique du sud par les alizés. Des particules qui viennent fertiliser les sols du bassin amazonien, autrement appauvris en nutriments. En particulier, en phosphore pour cause d’intenses précipitations orageuses mais également de feux de forêts – qu’ils soient d’origine naturelle ou non.

Le phosphore est un élément nutritif essentiel pour la végétation. Aussi, la compréhension de son transport et de son évolution dans le cadre du changement climatique est un sujet signifiant. Récemment, une équipe de chercheurs a évalué avec une précision inégalée la quantité de poussières transportée et déposée annuellement au niveau de la forêt tropicale. Une tâche accomplie grâce à l’utilisation d’un produit de réanalyse, dont les résultat sont en excellent accord avec les mesures de terrain opérées à Cayenne (Guyane). La période d’étude couvre un intervalle de 15 ans, de 2002 à 2017.

Dépôt de sable saharien en Amazonie : une estimation revue à la baisse

Leur estimation situe le chiffre entre 8 et 10 millions de tonnes par an. Une valeur considérable mais substantiellement moins élevée que celles obtenues par de précédentes études. Un écart qui, selon les scientifiques, est attribuable aux données prises en compte. Jusqu’à présent, les évaluations reposaient en effet sur des observations imprécises et spatialement limitées – lesquelles ont ainsi conduit à surestimer le dépôt réel de sable saharien.

Amazonie
Concentration (haut) et déposition (bas) de sable pour les différentes saisons de l’année. De gauche à droite, été, automne, hiver et printemps austraux. Crédits : Joseph M. Prospero & al. 2020.

Les secteurs les plus ensemencés se trouvent au nord et nord-est de l’Amérique du sud. Toutefois, le centre du bassin amazonien apparaît relativement abrité. Un résultat intrigant qui appelle de futurs travaux dédiés à l’impact précis des poussières sur la fertilité des sols. Par ailleurs, les chercheurs ont mis en lumière une corrélation forte entre ce transport et la pluviométrie nord-africaine. Les années humides étant associées à un transport réduit, et inversement. Ainsi, en affectant les régimes de pluies, le réchauffement climatique peut moduler l’efficacité de la fertilisation évoquée plus haut.

« Les changements dans le transport de poussière pourraient affecter la croissance des plantes en Amazonie et la quantité de CO2 pompée de l’atmosphère. Ceci, à son tour, aurait un impact supplémentaire sur le climat » détaille Joseph M. Prospero, auteur principal du papier. « Nos résultats soulignent la nécessité d’un suivi à long terme pour identifier les changements qui pourraient survenir dans le transport de poussière en Afrique en raison du changement climatique ».

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