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Quelle est cette « tempête zombie » qui a récemment circulé dans l’Atlantique nord ?

Vue des restes de l'ouragan Paulette le 21 septembre, juste avant de redevenir une tempête tropicale. Crédits : Wikimedia Commons.

Le terme de tempête zombie a récemment été employé en écho à la réorganisation d’un phénomène tropical dissipé quelques jours plus tôt. Il s’en est même fallu de peu pour que celui-ci réapparaisse à nouveau après sa seconde dissipation ! Ce type d’évolution est-il sans précédent ? Le point dans cet article.

Le 7 septembre 2020, le National Hurricane Center (NHC) nommait le seizième phénomène cyclonique de la saison dans l’Atlantique nord. Il prendra le nom de Paulette, tempête tropicale qui évoluera jusqu’au stade d’ouragan de catégorie 2 le 14 septembre après avoir touché les Bermudes en catégorie 1. Il sera assez rapidement repris par la circulation atmosphérique des moyennes latitudes où il entamera alors sa transition extratropicale. Le 16 septembre, le NHC le rétrograda ainsi au rang de système post-tropical.

Ouragan Paulette au meilleur de sa forme, le 14 septembre 2020. Crédits : Wikimedia Commons.

Paulette et son étonnant périple

Ce qui rend le système Paulette pour le moins exotique est qu’il a subi une phase de retropicalisation quelques jours plus tard, alors que sa circulation – nettement affaiblie – dérivait à l’ouest puis au sud des Açores. Aussi, le 21 septembre, la perturbation redevenait officiellement une tempête tropicale. Elle se situait alors à environ 500 kilomètres au sud-est de l’archipel. Un sursaut de vitalité qui ne sera toutefois que de courte durée puisqu’elle perdra pour la seconde fois ce statut durant la journée du 23 septembre.

L’histoire aurait pu se répéter encore une fois car en entamant sa lente remontée vers le nord le 26 septembre, le tourbillon résiduel profitera d’un environnement à nouveau plus favorable. En particulier, une température de surface de la mer assez chaude et une instabilité verticale autorisant le développement d’amas orageux près du cœur dépressionnaire. Néanmoins, même si Paulette reprendra des allures tropicales, elle sera désorganisée dès le lendemain matin.

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Historique de trajectoire de Paulette. Les ronds indiquent un cyclone tropical et les triangles, une dépression tropicale ou un phénomène post-tropical. Notez le retour à un mode tropical au sud et sud-est des Açores. Crédits : Wikimedia Commons.

Une tempête tropicale zombie ?

Le terme de tempête tropicale zombie a été employé pour désigner ce phénomène s’apparentant à un retour d’entre les morts. Le compte Twitter du National Weather Service (NWS) en faisait par exemple usage (voir ci-dessous). En réalité, le tourbillon dépressionnaire a toujours été présent sur la période. Il l’est d’ailleurs encore à l’heure actuelle, sous une forme déshabitée. Seulement, le mode sur lequel il tire son énergie a changé à de multiples reprises. En rebroussant chemin vers le sud, il a ainsi bénéficié de la remise en route d’un moteur tropical (fonctionnement par libération de chaleur latente). Aussi, les images satellitaires montraient des regains de convection orageuse.

« Les conditions peuvent devenir hostiles pour qu’une tempête tropicale conserve son intensité, mais si elle ne se dissipe pas complètement, elle peut se relancer plusieurs jours plus tard lorsque les conditions deviennent plus favorables », rappelle Brandon Miller, météorologue à CNN.

Enfin, rappelons que ces évolutions erratiques ne sont pas une nouveauté climatique bien que le réchauffement actuel puisse contribuer à les rendre moins rares. On peut par exemple mentionner l’ouragan Ivan en 2004. Par contre, leur suivi satellitaire de plus en plus précis tend inévitablement à les rendre plus manifestes. Et, par voie de conséquence, à faciliter leur mise en avant dans la sphère médiatique.

Damien Altendorf, expert nature et climat

Rédigé par Damien Altendorf, expert nature et climat

Habitant du Nord-est de la France, je suis avant tout un grand passionné de météorologie et de climatologie. Initialement rédacteur pour le site "Monsieur Météo", je contribue désormais à alimenter celui de "Sciencepost".